Actualité
2025 : parution du roman Paula, d' Ann-Christin Antell, chez Hachette.
2025 : parution du Livre rouge des ruptures, de Pirkko Saisio, chez Robert Laffont.
11/2024 : festival Les Boréales (Caen), avec Sofi Oksanen, Petra Rautiainen, Pirkko Saisio et Niillas Holmberg.
09/2024 : parution du roman Martta, d' Ann-Christin Antell, chez Hachette.
09/2024 : parution d'un roman d' Iida Turpeinen aux éditions Autrement.
09/2024 : parution d' À contre-jour, de Pirkko Saisio, chez Robert Laffont.
18/05/2024 : lecture concertante autour d' Espars (Citadelle Saint-Elme, Villefranche-sur-Mer).
02-03/05/2024 : représentations de Vincent River de Philip Ridley à Asnières (Compagnie SansElixir).
10/04/2024 : parution du roman Jenny, d' Ann-Christin Antell, chez Hachette (1er volume de la trilogie Trois femmes de la Baltique).
03/2024 : parution en CD du cycle Les sots et les sages, d'Henri-Claude Fantapié (notamment sur des textes d' Uuno Kailas), par Sophie Pattey et Marie-Christine Marella, chez Chanteloup Musique.
20/03/2024 : lecture concertante autour d' Espars (Cannes).
18/03/2024 : rencontre autour des mammifères marins dans les romans de Petra Rautiainen et d' Iida Turpeinen ainsi que dans Espars, à l'initiative de la Rivieran Suomi-seura (Nice).
15/03/2024 : réédition d' Un pays de neige et de cendres, de Petra Rautiainen, chez Points.
15/03/2024 : parution de La mémoire des mers, roman de Petra Rautiainen, au Seuil.
03-05/2024 : représentations de Vincent River de Philip Ridley à Paris (nouvelle production, La Porteuse d'Eau).
23-25/02/2024 : représentations de Vincent River de Philip Ridley à Paris (nouvelle production, Compagnie SansElixir).
16/02/2024 : parution de La femme grenouille, roman de Niillas Holmberg, au Seuil.
11/01/2024 : parution du Plus petit dénominateur commun, de Pirkko Saisio, chez Robert Laffont.
02/12/2023 : mercat leterari de Calèna (Nissa).
25-26/11/2023 : salon du livre des Essarts-le-Roi (Yvelines).
11/2023 : parution en avant-première de Lazaret, poème épique en mètre irrationnel, à Nice.
10/11/2023 : lecture concertante autour d' Espars (Nice).
08/11/2023 : parution de Deux fois dans le même fleuve, essai de Sofi Oksanen, chez Stock.
02-03/11/2023 : "Luovus" de Niillas Holmberg avec l'orchestre du Centre national des Arts (Ottawa).
28-29/10/2023 : salon du livre à Colmars.
24/10/2023 : Les sots et les sages, cycle de mélodies trilingue d'Henri-Claude Fantapié (notamment sur des textes d' Uuno Kailas), par Sophie Pattey et Marie-Christine Marella, à L'Accord Parfait (Paris 18e).
30/09/2023 : remise du prix Méditerranée "poésie" pour Espars à Perpignan.
23/08/2023 : réédition de Sans toucher terre, d' Antti Rönkä, chez Rivages Poche.
12/08/2023 : extraits d' Espars (lecture concertante) en la chapelle Notre-Dame de la Menour (Moulinet).
07/2023 : festival littéraire à Lectoure (Gers) sur le thème du Grand Nord (poésie komie et décolonialisme same).
06/2023 : réédition d' Une soirée de toute cruauté, de Karo Hämäläinen, chez Babel noir.
06/2023 : parution d' Elisabet, poèmes de Miki Liukkonen, au Castor Astral.
04/2023 : Prix Méditerranée poésie 2023 pour Espars.
03/2023 : parution d' Espars, poème épique en mètre irrationnel, aux éditions du Ver à Soie, avec des illustrations originales d'Elza Lacotte.
03/2023 : parution de Racines, recueil de poèmes en mètre irrationnel, à Nice.
02/2023 : réédition du Parc à chiens, de Sofi Oksanen, au Livre de Poche.
10/2022 : représentations de Purge de Sofi Oksanen à Bordeaux, par la compagnie Le Meilleur des Mondes.
09-10/2022 : Festival Vo-Vf, Paris et Gif-sur-Yvette.
09/2022 : parution de l'article "Luiza Potolycina et son mari – L’œuvre komie d’Aleksandr Rekemčuk" dans la revue Études finno-ougriennes.
04/2022 : parution du Vocalisateur ébaubi à Nice.
03/2022 : mise en ligne des matériaux du colloque international Théâtre en langue minorée (Nice, février 2014).
03/2022 : représentations de Vincent River de Philip Ridley à Bertrix (Luxembourg belge).
03/2022 : tribune de Sofi Oksanen sur la finlandisation dans Le Monde.
03/2022 : parution du roman Un pays de neige et de cendres, de Petra Rautiainen, au Seuil.
03/2022 : à l'occasion de la présidence française de l’UE, parution d'un article de Sofi Oksanen dans le recueil collectif Le Grand Tour (Grasset).
02/2022 : Lo Peolh Revengut, edicion promiera.
02/2022 : à l'occasion du Printemps des Poètes, présentation d' Espars dans l'anthologie Là où dansent les éphémères (Le Castor Astral).
11/2021 : Les sots et les sages, cycle de mélodies trilingue d'Henri-Claude Fantapié (notamment sur des textes d' Uuno Kailas), par Sophie Pattey et Marie-Christine Marella à L'Accord Parfait (Paris 18e).
10/2021 : reprise de Purge de Sofi Oksanen par la compagnie Le Meilleur des Mondes.
10/2021 : parution d'un poème d' Aaro Hellaakoski en exergue d'un ouvrage de Pentti Sammallahti, aux éd. Xavier Barral.
10/2021 : un épisode de la série H24 écrit par Sofi Oksanen ; diffusion sur Arte et parution en recueil collectif chez Actes Sud.
07/2021 : parution d'une anthologie de poésie komie, en collaboration avec Yves Avril, aux éd. Paradigme.
07/2021 : création d' Innocence, opéra de Kaija Saariaho sur un livret de Sofi Oksanen & Aleksi Barrière, au festival d'Aix-en-Provence ; diffusion sur Arte Concert.
05/2021 : réédition au Livre de Poche du recueil d'Ursula K. Le Guin Aux douze vents du monde, avec en exergue le poème d' AE Housman duquel il tire son titre.
04/2021 : rencontre avec Miki Liukkonen à l'initiative de l'Ambassade de Finlande à Paris.
04/2021 : représentations de Vincent River de Philip Ridley à Bertrix (Luxembourg belge). (reporté)
04/2021 : Une jupe trop courte de Sofi Oksanen @ Points Poésie.
04/2021 : Le parc à chiens de Sofi Oksanen @ Stock.
03/2021 : "La reconciliacion pantaiada", analyse de tableau @ Cultura Viva.
03/2021 : chronique hebdomadaire sur Cultures Sauvages.
01/2021 : réédition de Sœurs de cœur, de Salla Simukka, au Livre de Poche.
01/2021 : parution d' Espars, poème épique en mètre irrationnel, à Nice.
01/2021 : parution du roman O, de Miki Liukkonen, au Castor Astral.
01/2021 : parution du roman Sans toucher terre, d' Antti Rönkä, aux éd. Rivages.
12/2020 : "Jeff d'en Bellet", chronique sur Thomas Jefferson @ Cultura Viva.
11/2020 : Démocratie au temps du choléra : Herzen et Garibaldi à Nice autour de 1848, conférence-concert avec Nadia Metlov & Hélène Grabowska-Metlov à la bibliothèque Louis-Nucéra, Nice en ligne.
11/2020 : lecture de poèmes de Caj Westerberg dans le cadre de l'expo Sammallahti.
10/2020 : présentation de l' Anthologie de la poésie komie à Syktyvkar ("Journée des peuples finno-ougriens", Bibliothèque nationale de Komi).
09/2020-05/2021 : exposition de poèmes de Caj Westerberg à Nice (musée Charles Negre, expo Miniatures de Pentti Sammallahti).
08/2020 : Congressus XIII Internationalis Fenno-Ugristarum, Universität Wien. (reporté)
07/2020 : création d'Innocence, opéra de Kaija Saariaho sur un livret original de Sofi Oksanen, au festival d'Aix-en-Provence. (reporté)
08/2020 : parution d'un poème d' AE Housman dans le roman graphique L'accident de chasse (Carlson & Blair, éd. Sonatine ; prix Ouest-France-Quai des bulles 2020 ; fauve d'or au festival d'Angoulême 2021 ; grand prix des lectrices de Elle 2021).
05/2020 : collaboration à la revue Books à propos de l'actualité littéraire finlandaise.
03/2020 : 1er prix ex-æquo au concours de traduction poétique organisé par l’Inalco et l’Ambassade d’Estonie.
03/2020 : représentations de Purge, de Sofi Oksanen, à Angoulême (compagnie Le Meilleur des Mondes).
02/2020 : concerts à Neuchâtel, avec des poèmes d' AE Housman.
02/2020 : parution du roman Le papillon de nuit, de Katja Kettu, chez Actes Sud.
11/2019 : réédition de Ils ne savent pas ce qu'ils font, de Jussi Valtonen, au Livre de Poche.
11/2019 : Conférence sur les langues autochtones de l’Europe, Institut finlandais & Inalco, Paris.
10/2019 : parution de "Ni scandinaves, ni slaves : des voix originales d'Europe du Nord", préface à Ma muse n’est pas à vendre, poèmes d'Ivan Kouratov choisis et traduits par Yves Avril, éd. Paradigme.
08/2019 : présentations de Lever de rideau sur le pays komi dans le cadre du 15e Congrès des littératures finno-ougriennes, Kolozsvár, Roumanie.
05/2019 : parution d' Une soirée de toute cruauté, de Karo Hämäläinen, chez Actes Sud (coll. Actes noirs).
03/2019 : réédition en Folio du roman d'Anna Hope La salle de bal, avec des vers d' AE Housman.
03/2019 : présentations de Lever de rideau sur le pays komi à Genève.
02/2019 : réédition au Livre de Poche du roman de Kate Atkinson L'homme est un dieu en ruine, avec des vers d' AE Housman.
01/2019 : parution de Sœurs de cœur, de Salla Simukka, chez Hachette.
12/2018 : présentations de Lever de rideau sur le pays komi à Paris.
11/2018 : lecture publique de la pièce Purge de Sofi Oksanen à Cognac.
11/2018 : présentations de Lever de rideau sur le pays komi à Nice, à Moscou et en République de Komi (Syktyvkar et région de Körtkerös).
08/2018 : parution de Lever de rideau sur le pays komi, L'Harmattan & Adéfo, coll. "Bibliothèque finno-ougrienne".
05/2018 : parution d'un poème d' AE Housman en exergue du recueil d'Ursula K. Le Guin Aux douze vents du monde (Le Bélial'), qui en tire son titre.
05/2018 : réédition de Norma, de Sofi Oksanen, au Livre de Poche.
05/2018 : parution d'un article de Sofi Oksanen au Nouveau Magazine Littéraire, mai 2018.
03-04/2018 : représentations de Vincent River de Philip Ridley au Théâtre Ouvert Luxembourg.
01/2018 : Cent ans de musique et de poésie entre Nice et Finlande, concert-lecture autour d’Armas Launis et d’Uuno Kailas, Nice, bibliothèque Louis-Nucéra.
11/2017 : "L’imaginaire national finlandais à l’épreuve du centenaire - Un regard du XXIe siècle sur la poésie patriotique d’Uuno Kailas", dans le cadre du colloque Révolutions russes ; images et imaginaire en Russie et en France, Nice.
11/2017 : lecture d'extraits de la pièce Purge de Sofi Oksanen au Théâtre de l'Atalante (Paris) dans le cadre des rencontres Traduire - Transmettre.
10/2017-01/2018 : reprise des Cornes d' Alexeï Popov au Théâtre de l'Impasse (+ en tournée le 07/10 à Saint-André, le 27/10 à Falicon, les 13-14/01 à Vence).
09/2017 : réédition de Norma de Sofi Oksanen en grands caractères (éd. Voir de Près).
08/2017 : parution de l'article "Une comédie komie – Adaptations et mises en scène niçoises d'un théâtre minoritaire de Russie", dans la revue bretonne Klask, n° 11.
08/2017 : "Are Finns ashamed of their independence? - A 21st century look at Uuno Kailas’ patriotic poetry", dans le cadre du 14e Congrès des littératures finno-ougriennes, Tartu, Musée national d'Estonie.
08/2017 : "Garibaldi und Nizza – ein Epos zwischen Frankreich und Italien", dans le cadre du 4e colloque de la Garibaldi Gesellschaft, Kirchberg, Sachsen.
06/2017 : parution de vers d' AE Housman dans le roman d'Anna Hope La salle de bal (Gallimard).
06/2017 : représentations des Cornes d' Alexeï Popov à Châteauneuf-Villevieille.
04/2017 : représentations des Cornes d' Alexeï Popov (Nice, Théâtre de l'Impasse).
03/2017 : parution de Norma, de Sofi Oksanen, chez Stock.
01/2017 : parution de vers d' AE Housman dans le roman de Kate Atkinson L'homme est un dieu en ruine (JC Lattès).
01/2017 : parution de Ils ne savent pas ce qu'ils font, de Jussi Valtonen, chez Fayard.
12/2016 : "Une comédie komie – Adaptations et mises en scène niçoises d'un théâtre minoritaire de Russie", dans le cadre d'une journée d'étude à l'université Rennes 2.
08/2016 : parution du Récif, de Seita Vuorela-Parkkola, chez Actes Sud Junior.
08/2016 : expo sur le pays komi dans les livres étrangers, Bibliothèque nationale de la République de Komi, Syktyvkar.
06/2016 : réédition des Chants des forêts de Nikolai Abramov à la Bibliothèque nationale de la République de Carélie.
05/2016 : réédition du recueil Les Komis – Questions d'histoire et de culture aux Presses de l'Inalco.
01/2016 : présentation de Uuno Kailas de Heinola à Nice au Centre de Documentation Provençale (Bollène).
11/2015 : parution de Noir comme l'ébène, de Salla Simukka, chez Hachette et au Livre de Poche.
10/2015 : Uuno Kailas de Heinola à Nice – Cent ans de musique et de poésie entre Nice et Finlande, concert-lecture à Helsinki.
10/2015 : Sofi Oksanen à Nice, rencontre avec Sofi Oksanen et Miquèu de Carabatta à Helsinki autour de Quora despareissèron lu colombs.
09/2015 : première de la pièce d' Alexeï Popov Les cornes par la compagnie La Chance du Débutant (au Théâtre National Komi, Syktyvkar).
09/2015 : réédition de Baby Jane, de Sofi Oksanen, au Livre de Poche.
09-12/2015 : résidence de traduction à l' HCAS (Helsinki).
05/2015 : parution de Blanc comme la neige, de Salla Simukka, chez Hachette et au Livre de Poche.
03/2015 : parution du poème de Nina Obrezkova "Un jour tu rentreras chez toi", à Syktyvkar (brochure réunissant des traductions du même texte dans 14 langues différentes).
03/2015 : Destination Russie (Châtenay-Malabry), festival consacré à la République de Komi, à l'initiative de l'association MIR Franco-Russe.
02/2015 : présentation des Colombs à Aix-en-Provence.
01/2015 : réédition en Points Seuil du roman de Sam Millar Les chiens de Belfast, avec des vers d' AE Housman.
01/2015 : parution de l'article "La parenté finno-ougrienne dans la littérature komie : héritage commun ou influences récentes ?" dans la revue Études finno-ougriennes.
12/2014 : 1é mercat leterari de Calèna (Nice)
11/2014 : parution de Rouge comme le sang, de Salla Simukka, chez Hachette et au Livre de Poche.
09/2014-01/2015 : exposition de travaux généalogiques et historiques à Nice (musée Masséna, expo La marqueterie niçoise).
06/2014 : réédition en Point Seuil du recueil de nouvelles d'Alice Munro Trop de bonheur, avec des vers d' AE Housman.
05/2014 : parution de Baby Jane, de Sofi Oksanen, chez Stock.
04/2014 : réédition de Quand les colombes disparurent, de Sofi Oksanen, au Livre de Poche.
03/2014 : parution de La Sage-femme, de Katja Kettu, chez Actes Sud.
03/2014 : parution (en russe) d'une interview, de la nouvelle Le mur et de l'article "M.N. Lebedev et la satire politique du monde contemporain" dans la revue Арт.
02/2014 : Semaine komie à Nice.
01/2014 : parution de vers d' AE Housman dans le roman de Sam Millar Les chiens de Belfast (Seuil).
12/2013 : " Quora despareissèron lu colombs: translating a Finnish bestseller to a minority language of France" (Université de Helsinki, colloque Language revitalization in a Russian and European context: Exploring solutions for minority language maintenance).
11/2013 : présentation des Colombs en Iamal (Salekhard, 12e Congrès des littératures finno-ougriennes).
11/2013 : "Кыдзи вуджöдiсны Савинлысь гижöдъяссö" ["Traduire Savine"] (Académie des Sciences de Russie, Syktyvkar, colloque Savine).
11/2013 : "Entre Savoie et Romanov : la famille niçoise Michaud de Beauretour – Une synthèse complétée par des données inédites" (Beaulieu-sur-Mer, colloque Romanov).
06/10/2013 : présentation des Colombs au Festival du Livre de Mouans-Sartoux.
09/2013 : "The role of drama in the construction of national identities in the Ural-Volga area, through examples of Finno-Ugric interaction" (colloque "Oural-Volga", Samara).
08/2013 : présentation des Colombs à Annot.
06/2013 : parution de "La langue marie au théâtre et à l'opéra – Survol d'un genre littéraire prolifique" dans le volume collectif Les Maris – Un peuple finno-ougrien de Russie centrale.
01/06/2013 : lecture et table ronde avec Joni Pyysalo (Nuit de la Littérature, Paris).
22/05/2013 : présentation des Colombs à Contes.
05/2013 : parution de Quand les colombes disparurent, de b>Sofi Oksanen, chez Stock.
02/05/2013 : rencontres avec Sofi Oksanen au lycée Calmette, à la bibliothèque Louis Nucéra et à la librairie Jean Jaurès (Nice).
04/2013 : parution de vers d' AE Housman dans le recueil de nouvelles d'Alice Munro Trop de bonheur (L'Olivier).
04/2013 : parution de Quora despareissèron lu colombs, de Sofi Oksanen, à l'IEO.
04/2013 : réédition des Vaches de Staline, de Sofi Oksanen, au Livre de Poche.
03/2013 : première de la pièce Purge à Fontenay-sous-Bois.
03/2013 : interventions en Maths spé (Eucalyptus) et à la fac de lettres (Université de Nice).
02/2013 : parution de Sondage au pif, de Mikko Rimminen, chez Actes Sud.
12/2012 : projection d' Uzy-Bory ( Les Fraises) à l'Inalco, Paris.
12/2012 : "Les trois âges du cinéma oudmourte", dans le cadre des Journées oudmourtes (quatrièmes journées finno-ougriennes de l'Adéfo)
11/2012 : colloque "Guerres et paix", Nice.
10/2012 : semaine de la langue et des lettres russes à Nice (MUSEAAV).
10/2012 : "Littérature sans frontière", île de Ré.
10/2012 : "M.N. Lebedev et la satire politique du monde contemporain" (colloque M.N. Lebedev, Körtkerös, Komi).
06/2012 : congrès international des traducteurs de littérature finlandaise à Helsinki.
05/2012 : Vincent River à Riedisheim.
04/2012 : Vincent River à Liège.
04/2012 : rencontre avec les lecteurs à Lons-le-Saunier et Arinthod (Jura).
03/2012 : lecture bilingue de poèmes komis à la Bibliothèque nationale de Komi, Syktyvkar.
03/2012 : colloque Dialectes décisifs, langues prototypiques, Sorbonne Nouvelle.
02/2012 : parution de bonus sur le site de Sofi Oksanen au Livre de Poche.
02/2012 : réédition de Purge, de Sofi Oksanen, au Livre de Poche.
2011 : parution de "Билингвизм в коми и нисартском театрах: Нёбдiнса Виттор и Франсис Гаг" dans des volumes collectifs à Syktyvkar et à Saransk.
11/2011 : lecture de poèmes de Nikolai Abramov dans le cadre des Journées fenniques (troisièmes journées finno-ougriennes de l'Adéfo).
11/2011 : parution des Chants des forêts, de Nikolai Abramov, traduits du vepse (éd. Adéfo).
10/2011 : parution de "Mises en scène d’une identité non slave de Russie : le théâtre komi dans un monde russe en mutation" // Revue russe, n° 36.
10/2011 : parution de "Les nouveaux héros nationaux dans le théâtre komi post-soviétique" // Slovo, n° 36.
09/2011 : parution des Vaches de Staline, de Sofi Oksanen, traduit du finnois (éd. Stock).
22/05/2011 : représentation de Ode à l'amour, spectacle de Vihtori Rämä et Tuukka Vasama sur des poèmes de Tuomas Timonen (en finnois avec sous-titres), au Festival "Printemps d'Europe", Lyon.
05/2011 : "Il faut partir pour Paris", de Sofi Oksanen, in Paris en Cosmopolite, Stock (hors commerce).
25/03/2011 : "La parenté finno-ougrienne dans la littérature komie : héritage commun ou influences récentes ?" (colloque Littératures finno-ougriennes : regards croisés, Institut Finlandais, Paris).
17-19/03/2011 : Salon du livre, Paris (manifestations à l'Institut suédois et à la Médiathèque de Boulogne-Billancourt).
03/2011 : parution de L'amour du lion berbère, de Daniel Katz, traduit du finnois (éd. Gaïa).
10/02/2011 : projection de Of Time and the City, de Terence Davies, au Forum des Images, Paris (sous-titré de l'anglais en collaboration avec Emmanuel Denizot).
09/02/2011 : "Observations sur le bilinguisme dans les théâtres komi et niçois – L’exemple de Ńobdinsa Vittor et Francis Gag" (Colloque de l'Université de Syktyvkar).
01/2011 : parution de "Kuratov de Serge Noskov – Écrire un opéra national au XXIe siècle" (avec Henri-Claude Fantapié) // Études finno-ougriennes, n° 42.
01/2011 : parution de Ńobdinsa Vittor et Francis Gag – Le théâtre au service de la langue (éd. Serre).
01/2011 : Purge, de Sofi Oksanen : parution du livre audio chez Audiolib, lu par Marianne Épin.
25/11/2010 : "Ilľa Vaś and Komi legends" (Colloque "В.И. Лыткин: грани наследия", Université de Syktyvkar).
11/2010 : parution de Kört Aïka et autres légendes komies, poèmes épiques traduits du komi (éd. Adéfo).
11/2010 : "La langue marie au théâtre et à l'opéra", à l'Institut hongrois de Paris, dans le cadre des Journées maries (deuxièmes journées finno-ougriennes de l'Adéfo).
11/2010 : Prix Femina étranger 2010 attribué à Purge, de Sofi Oksanen.
10/2010 : "Mises en scène d’une identité non slave de Russie : le théâtre komi dans un monde russe en mutation" (Normale Sup Lyon).
08/2010 : parution de Purge, de Sofi Oksanen, traduit du finnois (éd. Stock). Prix du roman Fnac 2010.
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Publié le Dimanche 31 Décembre 2023, 14:28.
— Marché de Noël du livre niçois —
Samedi prochain (2 décembre 2023) aura lieu le désormais traditionnel marché de Noël du livre niçois, à l'initiative de l'Association des profs de niçois et de la Ville de Nice.
Rendez-vous dans le hall de l'ancienne gare des Chemins de fer de Provence, aujourd'hui bibliothèque Raoul-Mille, pour un voyage entre éditeurs, auteurs, libraires et lecteurs.
J'y présenterai Espars, mais aussi Lazaret en avant-première, parmi d'autres ouvrages qui font dialoguer le Pays niçois et le monde.
Publié le Vendredi 1 Décembre 2023, 19:01.
— 14e édition —
Le week-end prochain (25-26 novembre 2023) aura lieu le 14e salon du livre des Essarts-le-Roi, aux sources de l'Yvette, en haute vallée de Chevreuse.
Rendez-vous à la mairie de la commune pour des rencontres avec éditeurs, auteurs, libraires et lecteurs. J'y présenterai Espars sur le stand des éditions du Ver à Soie, aux côtés de Veronika Boutinova, de Laurent Maindon et de notre éditrice Virginie Symaniec.
Publié le Jeudi 23 Novembre 2023, 23:35.
— Symphonie pour joik et orchestre de chambre —
luoitit luovus - guoktánit
luovvadis luovusiin
—
luoitit luovus - guoktánit
luovus lea veaittalis
muhto seammás juoga
mii luvvojuvvo
dovddatgo luohpama
galggašii diehtit buorebut
maid luohpan mearkkaša
dat jorggáhallá luovvamiin
galggašii dovdat buorebut
luovvama
dat johtá giehtalaga manahemiin
luvvemiin
—
luovvamis heaitte
máhttit luohpat
luovvat luohpama, eaidama
luoitit luovus
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luoitit luovus – laisser aller
luovus ou lâcher prise
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luoitit luovus – laisser aller
luovus signifie lâcher prise
mais c’est aussi une
création en puissance
connais-tu la capitulation
il faudrait mieux connaître
le sens de capitulation
création initiale
il faudrait mieux connaître
la création
c’est initialement un renoncement
un lâcher-prise
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renonce à créer
savoir capituler
créer la distanciation initiale
laisser aller
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Publié le Mardi 31 Octobre 2023, 11:51.
— Espace Grappelli —
Une lecture concertante autour du poème épique Espars de Sébastien
Cagnoli, prix Méditerranée poésie 2023. Au large de Nice et Villefranche
au temps du roi Victor-Amédée III, sous la menace des tempêtes et des
pirates, naviguons avec Amédée Briggen et Michel Pallanca, au rythme du
piano à queue et des pianos jouets… en compagnie de Karlheinz
Stockhausen, Urmas Sisask, György Kurtág, John Cage, Giacinto Scelsi,
Henry Cowell, Pierre Boulez, Philip Glass, Dmitri Chostakovitch ou
encore Morton Feldman. Espace Grappelli (place Émile Begnis, 49 avenue de la Marne, 06100 Nice) Vendredi 10 novembre 2023 à 20h30 Gratuit - Réservations : espars@protonmail.com En partenariat avec la Ville de Nice (service Langue, culture et tradition niçoises).
photos F. Jolibois & S. Palomba
Le spectacle bénéficie du soutien de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur ("Carte blanche aux auteurs").
Publié le Jeudi 12 Octobre 2023, 12:23.
— Tirana, septembre 2014 —
En posant le pied à Rome pour la première fois de ma vie, je ne
m’attendais pas à voir le Pape. Ce n’était pas un pèlerinage, je ne faisais que
passer. En partant de Nice, Rome était une étape commode pour aller en
Albanie : je n’avais qu’à traverser rapidement la péninsule en train et
l’Adriatique en ferry.
Quand je voyage en terre inconnue, je préfère éviter les saisons
touristiques, autant que possible. Après un merveilleux survol du cap corse et
de l’archipel toscan, j’ai donc atterri à l’aéroport de Fiumicino par un début
d’après-midi de septembre, quelques jours avant l’équinoxe. De là, le Leonardo
Express m’a rapidement conduit à la gare principale de Rome.
Quand on voit Rome pour la première fois à l’âge de trente-sept
ans, on peut bien y passer trois nuits, fût-ce une étape. J’avais réservé une
chambre dans une villa du viie arrondissement,
donc hors les murs, mais tout près de la porte Majeure – pas trop loin de la
gare pour continuer le périple. Ladite villa s’avéra un petit hôtel de banlieue
appartenant à un jeune Roumain entreprenant.
Ce premier séjour à Rome m’aura permis de prendre une vue
d’ensemble depuis le Janicule (Pepin & Anita !), de découvrir la Rome
républicaine, la Rome impériale (sans oublier saint Sébastien), un chouïa de
Rome byzantine, les palais et monuments des grandes familles pontificales, les extensions
urbaines de l’époque savoisienne, de l’art nouveau à l’ère fasciste (le Foro
Italico !)… Brefs, deux journées et demie bien remplies. Je n’ai fait que
traverser le Vatican au pas de course (en poussant la désobéissance jusqu’à me
permettre un selfie à l’aveuglette dans la chapelle Sixtine), mais
j’ai vu la statue équestre de Skanderbeg – ne nous dispersons pas.
Je m’abstiendrai de relater la traversée de la Campanie et des
Pouilles : tout cela mériterait amplement des récits séparés, hors sujet
en l’occurrence. Disons que j’ouvre les yeux à l’aube, à l’approche de Durrës.
À Durrës, si je me souviens bien, l’objectif était de se rendre
rapidement à Tirana – ou Tiranë ? – pour visiter la capitale et les
environs : on aurait bien le temps d’explorer la cité portuaire ensuite, au
retour, avant d’embarquer pour Ancône et Trieste.
J’abrège donc ma narration, et nous voici devant la gare de Durrës
(Dürresi, Duraz, Durazzo, etc.), en attente du prochain train pour la capitale
(Tirana, Tiranë, etc.).
Nous nous asseyons sur un banc et veillons consciencieusement
sur nos bagages. Ça ne rigole pas : depuis 1995, Vigipirate oblige, on ne
laisse pas un emballage de Carambar sans surveillance, j’ai été élevé comme ça.
Cela dit, la gare donne une impression suspecte. Aucune affiche
n’annonce un train, si ce n’est un très joli poster datant de quelques
décennies, qui ressemble à s’y méprendre à celui j’ai vu à Hanoi dans ma jeunesse,
et sur lequel la lumière ambiante et la tradition esthétique hoxhaïenne ont
laissé de délicats tons pastel. Dans le doute, attendons un peu, ne serait-ce
que pour contempler ce qui nous entoure, le temps de comprendre la situation.
À part nous et les ouvriers – qui semblent effectuer des
modifications considérables sur ce prestigieux bâtiment des années 1940, depuis
longtemps et pour une durée encore indéterminée –, seuls trois gamins un peu
agités peuplent le hall de ce que nous considérons encore comme une gare. Ravis
de voir des étrangers en chair et en os, ces derniers engagent la conversation.
L’aîné est un grand adolescent sensible à son apparence, avec des vêtements modernes
et élégants, et surtout la coupe de cheveux undercut
dernier cri, qui est alors le chic du chic en Albanie (et déjà un peu ailleurs
aussi) : tondus derrière et sur les côtés, longs dessus et peignés en
travers dans un style assez fantaisiste. Les deux autres sont des enfants en
baskets et vêtements de sport, l’un plus timide et réservé, l’autre hilare et extraverti
avec les cheveux uniformément tondus.
Les jeunes nous expliquent en albanais et avec de grands gestes
qu’ils attendent aussi le train pour Tirana : tout va bien, attendons
ensemble. On bredouille des présentations, et avec quelques mots d’anglais ou
d’italien ils arrivent à exprimer leur enthousiasme.
– Papa Françesku ! Papa Françesku !
Voyant notre air ahuri, ils répètent de plus belle « Papa
Françesku » en écartant les bras, désemparés, ne comprenant pas que nous
puissions ne pas comprendre. Comment se peut-il que nous n’ayons jamais entendu
parler de lui ?
En fait si, nous avons bien entendu parler de ce cardinal
argentin qui vient d’être élu pape l’année dernière. Mais l’euphorie de ces
jeunes Albanais nous laisse perplexes. Quel message cherchent-ils à faire
passer ?
Il nous aura fallu ainsi quelques minutes pour comprendre qu’ils
sont en train de nous expliquer pourquoi ils doivent absolument aller à Tirana.
Nous ne sommes pas les seuls à nous rendre à Tirana aujourd’hui : le pape
François aussi. Depuis son intronisation en mars, c’est sa première visite
d’État en Europe.
Intrigués par notre conversation animée au rez-de-chaussée, les
ouvriers sur leur échafaudage nous
lancent quelques remarques en albanais, qui me semblent aussi bienveillantes
que catégoriques. Heureusement, nous sommes accompagnés par trois autochtones
qui maîtrisent sûrement mieux que nous les usages locaux. Là, je dois préciser
que j’ai depuis longtemps une fâcheuse tendance à me méfier des adultes et à
faire confiance à la jeunesse.
L’échange semble un peu s’éterniser, les ouvriers font des
signes qui me paraissent universellement explicites et que j’interprète comme
« allez-vous-en », mais nos jeunes accompagnateurs nous regardent
d’un air non moins universellement explicite que j’interprète comme « laisse-les
dire, je sais ce que je fais ». Je ne sais pas pourquoi, ils m’inspirent
confiance.
Surtout qu’ils vont voir « Papa Françesku » ! Ça
ne s’improvise pas. Ils ont bien dû se préparer. Non ? Ou alors… que le Christ
soit avec nous !
Bref, malgré les écarts de langue, d’âge et d’expérience, pendant
que les ouvriers travaillent sur leurs échafaudages et qu’on ne voit rien venir
sur les rails à part des oies et quelques ânes, on finit par comprendre que la voie
ferrée reliant Durrës à Tirana n’est plus exploitée. Plus précisément, on
comprendra dans quelques jours que la gare ferroviaire de la capitale a été démolie
l’année dernière.
Qu’à cela ne tienne ! On était venus à deux, nous voici
cinq sur le parvis de la gare à chercher un moyen de transport – terrestre, de
préférence – pour aller à Tirana, capitale de la République, pour des motifs
divers et variés. Deux ont rendez-vous avec leur aubergiste, trois avec le Pape !
Nous découvrons alors les bus qui semblent acheminer les
passagers à la demande sur un coup de tête du point « je suis ici »
au point « Tiranë Tiranë », et alors on monte au hasard parce que de
toute façon il faut bien monter quelque part. Surtout qu’on a réservé une chambre
à Tirana, ou Tiranë, enfin bref en plein cœur de la capitale de l’Albanie qui
n’a pas de gare. Et les petits Durassiens montent avec nous – pour voir Papa
Françesku.
Les portes se ferment dans la bonne humeur, le contrôleur va bientôt
passer pour vendre les billets. L’ambiance est festive, tout le monde papote,
parfois d’un bout à l’autre du bus ; de nombreux passagers ont l’air de se
connaître, à moins que ce mode de communication soit commun en Albanie – comme
nous venons d’accoster, nous ignorons encore tout des usages locaux.
Et là, mon jeune voisin se tourne vers moi, avec une humilité
très chrétienne, et un embarras très humain, et il m’explique dans ses
rudiments d’anglais scolaire qu’il n’a pas d’argent pour acheter un billet. Si
je comprends bien, il avait prévu de prendre le train sans payer, mais pas le bus.
Que ne ferait-on pas pour voir le Pape !
Pas de problème, je peux bien lui payer le billet pour aller à
Tirana. Mais du coup, je dois lui payer aussi le retour, autrement sa maman va
s’inquiéter s’il ne rentre pas ce soir après avoir vu le Pape. D’ailleurs, ça
fait plusieurs minutes qu’il est au téléphone, ça a l’air tendu, apparemment la
maman n’était pas au courant que son fils partait pour la capitale avec des
inconnus, dans ce monde de brutes, sans un lek en poche – ou peut-être un lek
pour le train (qui ne circule pas), mais apparemment pas pour le bus (qui vient
de partir avec nous, et qui coûte visiblement beaucoup plus cher que le train,
qui de toute façon n’existe pas).
Un ours vu du bus qui part.
L’aventure est pittoresque, mais un frisson glacé me parcourt
lorsque je prends conscience que je suis un ressortissant étranger qui vient d’entrer
en Albanie il y a quelques heures et qui quitte déjà la ville en compagnie de
mineurs fugueurs sans avertir personne.
Comme tout le monde, les enfants communiquent joyeusement avec
les autres passagers, notamment de jeunes adultes assis quelques rangs derrière
nous. Nous nous tournons alors vers eux et tentons de les aborder en anglais
pour demander s’ils connaissent ces jeunes et pour faire le point sur la
situation. Ouf, apparemment un jeune homme au moins les connaît, il parle avec
eux comme un grand frère, nous voilà rassurés, il y a des témoins, et des
témoins shqipërophones, nous ne sommes plus seuls à encadrer ces enfants.
Autre que des témoins ! Ce sont là de véritables guides qui
vont nous escorter. Nous étions cinq : nous voici sept !
Au bord de la route.
Car voilà. Papa Françesku oblige, toute la ville est fermée à la
circulation ce dimanche. Le bus
nous lâche à la périphérie, à 4 km du centre, parmi les moutons. Nous
voici donc avec nos sacs et nos valises, à pied sur une autoroute déserte, entre
deux averses, avec nos trois mineurs fugueurs, leur coiffeur protestant et une
amie de celui-ci.
Oui, chemin faisant, on fait la connaissance du jeune homme et
de sa copine – ou sœur, ou épouse, je n’ai pas bien compris. Nous avons affaire
à des Albanais chrétiens, ce qui est commun, mais chrétiens évangéliques, ce
qui l’est beaucoup moins. Ils connaissent les trois jeunes dans le cadre de
leurs activités paroissiales, services bénévoles rendus aux habitants de leur
quartier. En l’occurrence, le jeune homme leur coupe généreusement les cheveux.
Après des adieux émouvants, les deux adultes donnent des
consignes aux jeunes pour la suite de la journée, nous les laissons partir à la
rencontre de Papa Françesku, et nous nous installons enfin à l’hôtel.
En centre-ville, l’ambiance est singulière. Comme l’autoroute et
les voies environnantes, tout est pavoisé aux couleurs du Vatican et de
l’Albanie. Pour indiquer que la circulation est interdite, les rues ont été
enguirlandées de rubans de signalisation. Sur les grands axes, les rubans sont bleus
et blancs, portant la mention policia. Dans les ruelles
transversales, les rubans sont jaunes. Jaunes et blancs, en l’honneur du
Pape ? Je regarde de plus près. Non non, juste jaunes, avec une mention en
noir : crime scene do not cross.
L’hôtel est à un kilomètre et demi au nord-est de la place Skanderbeg.
Voilà un bon point de départ pour découvrir la ville, surtout en ces
circonstances exceptionnelles où aucun véhicule à moteur ne circule. Au sud de
la place, les restrictions ne sont plus indiquées par des rubans mais par des
barrières : le boulevard des Martyrs de la Nation est sévèrement gardé et
barricadé. Il doit se passer quelque chose du côté de la place Mère Teresa, dans
les environs du palais présidentiel.
Hautement symbolique, la place Skanderbeg réunit tout un
panorama de l’histoire du pays. La mosquée et la tour de l’horloge témoignent
de l’époque ottomane, la place elle-même a été aménagée au cœur de la capitale sous
le règne du roi Zog, l’occupation italienne a apporté une architecture de style
fasciste, puis les décennies d’Enver Hoxha ont laissé des traces typiquement soviétiques.
Au milieu du rond-point, la statue équestre de Skanderbeg fait face au
boulevard Zog, sous une multitude de drapeaux du Vatican et de l’Albanie.
Le Palais de la Culture est un bâtiment monumental, avec son immense
colonnade et son gigantesque escalier. Le Musée national historique aussi,
d’ailleurs. Encore plus massif, celui-ci arbore même une vaste mosaïque où tous
les grands héros de l’histoire populaire albanaise brandissent victorieusement leurs
armes, outils et autres instruments de travail pour s’élancer dans le monde merveilleux
du communisme. Sur le toit, j’aperçois des silhouettes noires équipées de
jumelles et de fusils. En regardant mieux, je me rends compte qu’il y en a sur
tous les toits, autour de la place.
Et puis tout à coup, les policiers demandent gentiment aux
passants de remonter sur les trottoirs. En effet, pour la première fois depuis
plusieurs heures, j’aperçois des automobiles : un convoi pénètre sur la
place par le boulevard des Martyrs de la Nation. Je recule donc de quelques pas
sur les marches du Palais de la Culture, ce qui me fait prendre aussi un peu
d’altitude, par la même occasion. Une voiture de police ouvre la voie avec ses gyrophares,
suivie d’une Volkswagen noire aux vitres teintées. Puis passe une voiture grise
escortée par des motos. À l’arrière, vitre baissée, le pape François sort le
bras par la fenêtre, tout sourire, pour saluer les badauds.
*
Les jours suivants, j’ai appris – ou compris – que le train
n’était pas très populaire en Albanie. Peu importe : populaire ou non,
c’est un moyen de locomotion dont je suis un grand amateur de par le monde, tant
qu’il existe encore. Pour aller à Elbasan, j’ai donc souhaité l’emprunter malgré
tout.
Les liaisons n’étaient pas très fréquentes. En attendant le train,
je me suis promené autour de la gare de Durrës. Car contrairement à ce que
laissait penser l’atmosphère du bâtiment, la gare n’était pas désaffectée. J’ai
alors été intrigué par une série de wagons dont quelques angles morts laissaient
imaginer qu’ils avaient pu être rouges avant d’être customisés par les
autochtones. Ayant encore quelques minutes devant moi, je me suis aventuré dans
cet étonnant véhicule qui semblait venir d’un autre monde, ce que m’ont
rapidement confirmé les inscriptions en allemand et les logos de la Deutsche
Bahn sur la carrosserie et les cloisons (pendant ce temps, un bus de ligne passait
sur l’avenue adjacente, flanqué de l’injonction « Je monte, je valide »).
J’en étais encore à photographier avec enthousiasme les vestiges des chemins de
fer allemands, autant que les créations artistiques revêtant les parois et
l’intégralité des vitres, lorsque j’ai compris, je ne sais plus comment, que
j’étais en fait monté en avance à bord du train qui devait me conduire à
Elbasan.
Tout ceci c’est qu’un épilogue. Depuis que j’ai vu le Pape, il
n’entre plus dans mon propos de parler de mon excursion à Elbasan ; je
conclurai simplement en évoquant le rythme exotique du voyage. Le trajet de 76 km
s’effectuait en près de trois heures. Voilà
qui me laissait le temps de contempler les campagnes albanaises. On traversait
ainsi des champs, des hameaux ; quelques êtres vivants s’affairaient ou
flânaient ici ou là. Comme d’habitude (ou comme le Pape ?), j’agitais la
main à la fenêtre
pour afficher mon amitié, ou au moins pour assurer les habitants du caractère
inoffensif et pacifique de ma présence en ces terres où j’étais bien conscient
d’être un étranger. Les bovins et caprins, par exemple, nous regardaient passer
avec un intérêt et une sérénité parfaitement rassurants.
C’est alors que j’ai découvert une coutume locale selon laquelle
les enfants s’amusent à lancer des grenades par les fenêtres des trains qui
passent.
Évidemment, j’avais toujours la fenêtre ouverte, cf. note de bas
de page supra.
Les grenades étaient assez mûres, en cette fin d’été, mais le
geste n’en était pas moins périlleux – et je dis ça avec tout le bagage
mécanique, cinétique et énergétique que je traîne derrière mon dos bien malgré
moi. Je ne saurai jamais si l’intention était de partager les richesses de la
terre balkanique avec les pauvres voyageurs que nous étions (hypothèse diététique),
d’assommer ces drôles d’énergumènes circulant dans leurs champs à bord d’un
véhicule d’une autre planète (hypothèse militaro-zététique), ou simplement de
viser une vitre ouverte ou fermée pour gagner des points (bingo !).
Mais j’ai attrapé la grenade. Et j’ai vu le Pape.
Gare de Tirana, septembre 2014.
Sébastien
Cagnoli, mars 2023.
Publié le Mercredi 27 Septembre 2023, 00:16.
— Perpignan, 30 septembre —
Publié le Mercredi 20 Septembre 2023, 13:22.
— avec des extraits d'Espars —
Dans le cadre de ses festivités d'été, la commune de Moulinet propose un concert en la chapelle Notre-Dame de la Menour le samedi 12 août 2023, à 21 h.
Surplombant la Bevera à 780 m d'altitude et à 18 km de la mer, cette chapelle fut achevée au XVIIe siècle sur des fondations du XIIe.
Le programme réunit des pièces pour piano seul et une "lecture concertante" d'extraits d'Espars.
1e partie JS Bach (1685-1750) : Aria des Variations Golberg, BWV 988 (v. 1740)
Claude Debussy (1862-1918) : "Clair de lune", extrait de la Suite bergamasque (1890)
Leoš Janáček (1854-1928) : deux extraits du 1er cahier de Sur un sentier broussailleux (1900)
Aulis Sallinen (*1935) : King Lear’s Distant War, op. 79 (2000) Urmas Sisask (1960-2022) : "Caméléon", extrait du Cycle du ciel étoilé no 2 "Ciel du Sud", op. 52 (années 1980)
Karlheinz Stockhausen (1928-2007) : quatre constellations du Zoodiaque (1975) Frederic Mompou (1893-1987) : trois extraits de la Música callada (1959-1967) 2e partieLecture concertante d'extraits du poème Espars de Sébastien Cagnoli (Prix Méditerranée poésie 2023) :
Urmas Sisask : extrait de "Caméléon" György Kurtág (*1926) : douze microludes extraits de Jeux II (1979) Urmas Sisask : "Octant", extrait de “Ciel du Sud” Philip Glass (*1937) : Wichita Vortex Sutra (1988) Dmitri Chostakovitch (1906-1975) : Prélude en mi bémol mineur op. 87 no 14 (1951) Morton Feldman (1926-1987) : extrait de Triadic Memories (1981)
Amédée Briggen, clavier
Michel Pallanca, récitant
Publié le Jeudi 10 Août 2023, 19:16.
— "Grand Nord" à Lectoure —
À Lectoure (Gers), le 9e festival "Lectoure à Voix Haute" se consacre au Grand Nord.
En particulier, voici deux rendez-vous finno-ougriens :
Jeudi 20 juillet 17h – À la rencontre des trappeurs et éleveurs de rennes Lecture 32' chrono. Les lectrices de Lire aux Éclats nous donnent rendez vous avec les trappeurs du Groenland : extraits des Racontars de Jørn Riel. Suivi de : Komi - un territoire, un peuple, sa langue et sa poésie, présentation et lectures de poésie en komi, français et niçois (oc). >Salle de la Comédie – 8€/6€
Vendredi 21 juillet 17h – Peuples du cercle polaire Lecture 32' chrono. Des lectrices d’Éclats de lire lisent des extraits du roman de Bérengère Cournut De pierre et d’os. Suivi de : Rencontre et lecture autour des Sames du Nord avec le roman La femme grenouille de Niillas Holmberg. >Médiathèque – gratuit
Publié le Lundi 10 Juillet 2023, 20:22.
— entretien avec l'éditrice —
Virginie Symaniec. – Pourquoi avoir voulu narrer une traversée de Villefranche à Cagliari sous Victor-Amédée III, âge d’or de la marine de Savoie dans le comté de Nice ? Peux-tu en dire un peu plus sur les ressorts historiques de l’action et sur les raisons qui t’ont conduit à l’ancrer précisément dans ce contexte historique ? Imagine des gens qui ne connaissent rien à cette histoire et qui se demanderaient pourquoi ça fait rêver. Comment leur expliquerais-tu en quoi ça t’a fait suffisamment rêver pour écrire un poème épique de 280 pages ?
Sébastien Cagnoli. – Une de mes motivations était effectivement de partager l’histoire du Pays niçois : le fait que l’agglomération de Nice-Villefranche fût un port majeur d’un État européen pendant un demi-millénaire, de 1388 à 1860, est aujourd’hui largement méconnu. Ensuite, du point de vue de la navigation maritime, le XVIIIe siècle est une période de transition qui stimule particulièrement l’imagination : c’est celle des grands voiliers, après les galères, avant la machine à vapeur. C’est l’époque des pirates et des grands récits d’aventures maritimes. C’est justement ce grand tournant scientifique qui va aboutir à la révolution industrielle : la navigation à voile nécessite des connaissances et des compétences très complexes, qui relèvent à la fois de l’astronomie, des mathématiques, de la mécanique, etc. Toutes ces sciences sont alors en plein essor, les mathématiques sont poussées au-delà de leurs derniers retranchements (je pense aux nombres complexes), et des applications immenses vont en résulter pour les générations à venir. Mais on a beau maîtriser les chiffres et les théories, la réalité reste imprévisible et difficile à appréhender. C’est le cœur du sujet : le rapport entre réel et imaginaire, entre pratique et théorie, entre vérité et légende…
VS. – Est-ce parce que tu es aussi simplement passionné d’histoire et de voyages, voire de grandes épopées, ou bien parce que cela te permettait d’évoquer également une partie de ton histoire familiale ?
SC. – Oui, mon histoire familiale est une des sources de ce livre. Mes recherches généalogiques m’ont permis de découvrir, sur l’histoire du Pays niçois, des choses qu’on n’apprend pas à l’école. Mes ancêtres ont été directement concernés par les nouveaux horizons économiques présentés d’abord par le développement de la marine royale à Villefranche et à Nice (nouveaux métiers dans les chantiers navals et en mer), ensuite par sa délocalisation à Gênes en 1815 (reconversion dans de nouveaux métiers en ville). De même, le parcours de mes ancêtres niçois qui ont servi dans la marine de Savoie et qui ont été appelés sous le drapeau vert-blanc-rouge pour deux « guerres d’indépendance italienne » en 1848 et en 1859 (voire pour la guerre de Crimée) m’a fait comprendre bien des choses sur l’histoire de l’Europe et de la Méditerranée. À vrai dire, la rédaction d’Espars est allée très vite : je n’ai fait que remanier des matériaux que j’avais accumulés depuis plus de dix ans – sous prétexte de recherches généalogiques – et autour desquels j’avais vaguement développé des récits de fiction qui n’avaient jamais abouti. Il manquait un déclic, une étincelle. À propos de grandes épopées, je dois avouer que le Kalevala – l’épopée nationale finnoise – m’a certainement influencé, par exemple sur des figures de style comme les parallélismes ou les allitérations. Mais c’est aussi que toute épopée, toute poésie traditionnelle, repose sur des contraintes formelles plus ou moins strictes, plus ou moins intuitives, transmises de génération en génération. En l’occurrence il ne s’agit pas de poésie traditionnelle, bien sûr, mais l’influence s’en fait sentir, et je cherche à renouer avec une certaine tradition de poésie métrique.
VS. – Au-delà du trajet que suit la nef, qu’est-ce que cela raconte, Espars, sur la société des hommes ? N’y a-t-il donc rien, dans ton texte, sur la société moderne ?
SC. – Oui, le trajet est anecdotique : Nice-Cagliari, en gros c’est le navire postal, la navette entre les deux principaux ports du royaume, entre le continent et la colonie d’outre-mer (puisque les ducs de Savoie avaient succédé aux Espagnols sur le trône de Sardaigne en 1720). D’ailleurs, dans le texte, le voyage proprement dit est très vague, abstrait et contradictoire. Je crois qu’il s’agit surtout d’un voyage intérieur, avec un narrateur fluctuant, tantôt un jeune mousse, tantôt son père qui rapporte des souvenirs, tantôt un regard objectif. C’est l’occasion d’effectuer un voyage intérieur, et de revenir au point de départ, mais pas tout à fait, puisqu’à l’arrivée on n’est plus tout à fait le même… C’est un voyage dans le temps, dans l’espace et dans la psyché. C’est aussi un texte des années de pandémie, de confinement, d’où les références au Voyage autour de ma chambre de Xavier de Maistre (également sujet de ce Royaume de Sardaigne au temps de la dynastie de Savoie). Mais ce n’est en aucun cas « un journal de confinement » ou une forme d’écriture thérapeutique. D’entrée de jeu, j’avais la volonté de partager quelque chose. Ou deux choses : d’une part, des données historiques méconnues mais d’un intérêt européen (j’ai déjà parlé de ces matériaux accumulés depuis plus de dix ans) ; d’autre part, une expérience poétique et ludique. Et le jeu – le jeu partagé, mutuel, collectif – est un élément essentiel d’Espars. C’est un peu un « livre dont vous êtes le héros », qu’on peut aborder de différentes manières, en y cherchant ou non des clés cachées, des sens multiples, des jeux phonétiques, des allusions, en le scandant comme on le sent, en se laissant porter par le rythme des vers. Et je me réjouis que les illustrations d’Elza accompagnent tout cela : la documentation scientifique, le jeu, le rêve, la spiritualité. Pour moi, tout le passé résonne en permanence avec nos sociétés contemporaines. Je me demande toujours comment on peut vivre le présent sans avoir la connaissance du passé. Oui, je connais la réponse : c’est comme ça qu’on vit depuis des millions d’années, et c’est comme ça qu’on répète les mêmes erreurs au fil des générations – comme des variations sur un thème, pour filer la métaphore musicale qui parcourt le texte. Mais j’ai toujours la naïveté de croire qu’on pourrait aborder le présent et l’avenir plus sereinement si on avait un peu plus de recul, plus de connaissances du contexte et des antécédents.
VS. – Dans Espars, tu associes ta passion mathématique à celle de la poésie. Peux-tu nous expliquer comment tu as fonctionné pour écrire ? Pourquoi passer par les mathématiques et que t’apporte l’usage de ce « mètre » que tu dénommes « irrationnel » ?
SC. – D’abord, j’ai toujours apprécié les mathématiques comme une discipline artistique. Les mathématiques se consacrent à décrire des choses abstraites, qui sont belles parce qu’elles sont absolues et qu’elles n’existent pas dans le monde réel. Ce sont des modèles théoriques, idéaux. Le déclic qui me manquait pour faire aboutir mes récits de fiction inspirés par les recherches généalogiques, il m’est venu avec cette idée de « mètre irrationnel ». Je parlais tout à l’heure de la tradition de poésie métrique. Par exemple, j’adore traduire de la poésie métrique. C’est un peu comme une grille de sudoku : on a tous les éléments sous la main, et il faut trouver une façon de les agencer qui réponde à toutes les contraintes à la fois. La contrainte : voilà le mot-clé. La contrainte est une source d’inspiration et un gage de créativité. Pour se plier à des contraintes de forme, on va dénicher des mots auxquels on n’aurait pas pensé autrement, ils vont soulever de nouvelles associations d’idées, faire évoluer le texte dans une direction imprévue, buter sur d’autres contraintes, etc. C’est d’ailleurs le principe de l’Oulipo, qui renouait avec la contrainte à une époque où la mode était plutôt à son abolition. Je ne sais plus comment m’est venue l’idée de ce mètre variable dont la longueur est imprévisible à la lecture mais totalement prédéterminée. Une telle séquence est caractéristique des nombres irrationnels, qui font rêver les mathématiciens et les artistes par leur nature à la fois absolue et insaisissable. J’aurais pu prendre le fameux nombre d’Archimède, π, mais j’ai opté pour celui d’Euler, pour plusieurs raisons. D’une part, je crois que c’était un franc clin d’œil à Perec : la contrainte globale d’ Espars ne repose pas sur la lettre e mais sur le nombre e. D’autre part, ce nombre est la base du logarithme naturel. Au XVIIIe siècle, justement, l’application du calcul logarithmique aux nombres imaginaires a mis en évidence leur relation avec les fonctions trigonométriques – autrement dit, pour simplifier, entre les nombres e, i et π. Le mathématicien François Daviet de Foncenex (1734-1798) fait partie des quelques savants européens qui ont travaillé sur ces questions à une époque où la théorie des nombres imaginaires et l’abondance de ses applications pratiques étaient à peine en train de germer ; il sert de modèle au commandant, car il était effectivement capitaine de frégate et gouverneur de Villefranche dans ces années-là. Depuis, les applications pratiques de ces théories mathématiques semblent inépuisables. Tous les phénomènes ondulatoires, donc à peu près toutes les branches de la physique (mécanique, électronique, optique, atomique, quantique, etc.), sont aujourd’hui indissociables de ces méthodes de calcul. Qui dit ondulatoire dit vagues d’amplitude et de longueur variable, ce qui rejoint la thématique fondamentale d’ Espars, celle de la mer. Voilà autant de raisons qui m’ont convaincu de développer mon poème autour du nombre e, qui permet, avec l’aide de la trigonométrie, de mettre en relation le réel et l’imaginaire. Par la même occasion, comme je n’avais pas écrit de créations personnelles depuis longtemps, j’ai éprouvé le besoin de faire tout ce que je n’ai pas le droit de faire d’habitude (i.e. en tant que traducteur) : répétitions, notes de bas de page, phrases en langues étrangères sans traduction, caractères archaïques ou bizarres, syntaxe tordue, mot compliqués ou inventés… C’est donc une sorte d’exercice de style, oui, un jeu, un peu dans l’esprit de l’Oulipo.
VS. – Tu te définis comme niçois francophone et traducteur de langues finno-ougriennes. Comment en arrive-t-on à être niçois francophone traducteur du finnois ou des langues komies, d’une part et, d’une manière générale, comment peut-on être Persan par les temps qui courent ? (la problématique ici étant « comment ce pédigrée impacte-t-il ton écriture et te pousse-t-il en tant qu’auteur vers la poésie » ?)
SC. – Dans le monde des lettres, à Nice, il y a des auteurs francophones et nissardophones (d’expression occitane). Ce n’est pas nouveau : Dabray (1754-1831) écrivait en niçois, italien et français ; Rancher (1785-1843) en niçois ; Sassernò (1810-1860) en français ; Garibaldi parlait toutes ces langues et bien d’autres… Aujourd’hui, par exemple, Sauvaigo ou Carabatta écrivent en niçois. Je précise donc « francophone » – comme Sassernò, qui se disait elle-même « poète italien d’expression française » –, parce que ça ne va pas de soi. En général, aujourd’hui, les auteurs francophones ont quitté Nice pour aller chercher la gloire à Paris. Pour ma part, je souhaite rester à Nice pour parler de l’histoire et de la culture niçoises, fût-ce en français, et les faire rayonner dans le monde francophone, ou en collaborant avec les collègues nissardophones : c’était le cas il y a quelques années lorsque je me suis associé à Miquèl de Carabatta pour traduire un roman de Sofi Oksanen directement du finnois en niçois (la version française Quand les colombes disparurent est sortie plus tard), ou plus récemment avec l’équipe éditoriale du journal Lo Peolh Revengut. C’était le sens de ma démarche lorsque j’ai sollicité le Théâtre Niçois de Francis Gag pour aller jouer une petite comédie de Tchekhov en langue niçoise à Syktyvkar, capitale de la République de Komi, en 2009, avec traduction simultanée en russe par oreillette ; après quoi le Théâtre national de Komi est venu jouer un spectacle musical à Nice, en langue komie, en 2014, avec sur-titrage en français. Là encore, je suis un grand naïf qui a la faiblesse de croire que toutes les langues ont la même dignité, que tous les peuples sont égaux. Je ne cherche pas à mettre en avant les uns par rapport aux autres, ni soutenir les fameux dominants vis-à-vis des dominés, ni revendiquer la suprématie revancharde de ceux-ci sur ceux-là, juste dialoguer avec tout le monde, d’égal à égal.
VS. – Et la nature dans tout ça ? On te voit aller jusqu’à faire des listes de coquillages. C’est le mot qui est poétique ou la liste ?
SC. – Les listes en question sont d’Antoine Risso (1777-1845) et de Jean-Baptiste Verany (1800-1865), deux grands naturalistes niçois qui ont catalogué la faune et la flore des environs. J’ai remanié leurs textes pour les adapter à mon « mètre irrationnel », comme je l’ai fait avec les citations de Dabray, Sassernò et les autres. À Nice, la mer occupe grosso modo la moitié du champ de vision, et les montagnes à peu près l’autre moitié. Je n’y avais jamais vraiment prêté attention avant d’en partir pour faire des études ailleurs. Même si l’urbanisme est très dense, la nature est partout autour, on ne peut pas l’ignorer. Et une nature sauvage : les Alpes à 3 000 m d’altitude d’un côté, avec tous les écosystèmes du climat subtropical à la toundra, et la mer pélagique de l’autre côté, avec plus de 2 000 m de fond. 5 000 m de dénivelé sur 75 km de distance : c’est un environnement naturel unique en Europe. Le mot et la liste jouent tous deux évidemment leur rôle respectif. La liste, l’énumération ou l’exposé géologique rappellent qu’un catalogue de coquillages et crustacés peut être poétique, au même titre que le déroulement de la crise de salinité messinienne (pp. 145-152) – ou que la rencontre fortuite d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table de dissection, comme dirait l’autre. Le mot, quant à lui, est une séquence de phonèmes. Dans Espars, le silence est un phonème à part entière. Statistiquement, un vers sur dix est vide (représenté par un soupir), et de brefs silences séparent les vers entre eux le temps que le regard se rende au début de la ligne suivante : la syllabe silencieuse remplit la même fonction que les autres. En outre, les phonèmes sont souvent soumis à d’autres contraintes : lipogrammes, consonnes sourdes ou sonores, acrostiches, etc. Sans aller jusqu’au lettrisme, je crois que les combinaisons de phonèmes qu’on rencontre dans les mots savants, inusités, inconnus, produisent une forme de musique qui peut être évocatrice. D’ailleurs, tout le monde aime bien écouter des chansons en langue étrangère dont on ne comprend pas les paroles, non ?
VS. – Quelle est la place du mélange ou de la mise en présence de langues différentes dans ton écriture ? Est-ce à cet endroit qu’on retrouve le traducteur derrière le poète ?
SC. – Niçois, italien et français sont depuis longtemps des langues communes à Nice ; piémontais, génois, provençal (et autres idiomes occitans) aussi, sans oublier le latin et un peu de grec à l’église. Les commerçants locaux ont toujours réussi à se débrouiller avec les Turcs et autres marchands du bassin méditerranéen, mais aussi avec les Russes, les Anglais et les Allemands… Donc avant le traducteur et le poète, c’est déjà l’historien qui contemple la réalité du paysage linguistique niçois au XVIIIe siècle : le monolinguisme est une invention très récente. Nos ancêtres n’auraient jamais imaginé cela, et la plupart des peuples du monde n’ont heureusement aucune idée de cette aberration. Pour revenir sur la question du « traducteur » : j’ai le sentiment de devoir « traduire » dès lors que j’écris. Quand je traduis un roman finlandais ou un poème anglais, je ne transpose pas le texte d’une langue à une autre, je cherche à comprendre les idées, sentiments et sensations qui sont derrière le texte – sans oublier la musique ! –, et c’est cet ensemble « supra-linguistique » que je cherche à exprimer en français. Quand j’écris mes propres textes, c’est la même chose : je cherche à exprimer en français quelque chose qui est autrement insaisissable. Je crois que l’écriture est toujours la traduction d’une chose en quête de forme.
VS. – Comme si toutes ces transversalités ne suffisaient pas, je comprends que tu as pensé créer un spectacle musical à partir de ce texte, car tu lis la musique aussi. Le moins qu’on puisse dire est que tu ne cesses de chercher à créer des liens entre des choses ou des éléments ou des phénomènes dont on nous serine en permanence qu’ils appartiennent à des disciplines séparées entre lesquelles il ne convient pas de faire le lien. Savoir faire le lien est-il une condition nécessaire pour réussir à créer ?
SC. – À vrai dire, je ne sais pas ce qu’on nous serine. Pour ma part, je dirais que « faire le lien », c’est la condition nécessaire pour vivre ! Il faut que les neurones « fassent le lien » pour que l’organisme fonctionne, et il en va de même à l’échelle macrocosmique. La musique me paraît indissociable de la poésie, de la danse, des mathématiques, du langage en général, de toutes les branches de la physique ondulatoire… En fait la musique est peut-être la discipline qui englobe tout. À moins que ce soit la danse. Bref, je n’ai pas le sentiment de créer des liens, c’est un peu l’inverse : je suis incapable de dissocier toutes ces notions qui forment un tout. Je me suis consacré à l’écriture et à la traduction parce que c’est là que j’ai manifesté des compétences (et du plaisir) depuis tout petit… mais cela n’a pas de sens sans la musique et la danse (pour lesquels je suis bien moins compétent). En ce qui concerne les « musiques d’ Espars », nous avons (avec la pianiste Amédée Briggen) sélectionné après coup des œuvres qui dialoguent avec le texte, sur le fond ou sur la forme. J’ai tout de suite pensé à Stockhausen, Sisask, Scelsi et Chostakovitch… Amédée a déniché des pièces de Cage et de Kurtág, dont elle tire une diversité dramatique inédite et un humour inouï. Nous sommes vite tombés d’accord sur Glass et Feldman, indispensables camarades de voyage pour notre traversée sur le fameux rythme des vagues, à la fois répétitif et imprévisible, tantôt dramatique, tantôt contemplatif… et quelques autres compositeurs matheux ou rêveurs.
Publié le Dimanche 9 Juillet 2023, 17:06.
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