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sébastien cagnoli

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À paraître :
- 3 romans d'Ann-Christin Antell, chez Marabout.
- 3 romans de Pirkko Saisio, chez Robert Laffont.
02/2024 : parution de La femme grenouille, roman de Niillas Holmberg, au Seuil.
11/2023 : lecture concertante autour d'Espars.

08/2023 : réédition de Sans toucher terre, d'Antti Rönkä, chez Rivages Poche.

07/2023 : festival littéraire à Lectoure (Gers) sur le thème du Grand Nord.

06/2023 : réédition d'Une soirée de toute cruauté, de Karo Hämäläinen, chez Babel noir.

06/2023 : parution d'Elisabet, poèmes de Miki Liukkonen, au Castor Astral.

04/2023 : Prix Méditerranée poésie 2023 pour Espars.
03/2023 : parution d'Espars, poème épique en mètre irrationnel, aux éditions du Ver à Soie, avec des illustrations originales d'Elza Lacotte.

03/2023 : parution de Racines, recueil de poèmes en mètre irrationnel, à Nice.

02/2023 : réédition du Parc à chiens, de Sofi Oksanen, au Livre de Poche.

10/2022 : représentations de Purge de Sofi Oksanen à Bordeaux, par la compagnie Le Meilleur des Mondes.
09-10/2022 : Festival Vo-Vf, Paris et Gif-sur-Yvette.
09/2022 : parution de l'article "Luiza Potolycina et son mari – L’œuvre komie d’Aleksandr Rekemčuk" dans la revue Études finno-ougriennes.
04/2022 : parution du Vocalisateur ébaubi à Nice.

03/2022 : mise en ligne des matériaux du colloque international Théâtre en langue minorée (Nice, février 2014).
03/2022 : représentations de Vincent River de Philip Ridley à Bertrix (Luxembourg belge).

03/2022 : tribune de Sofi Oksanen sur la finlandisation dans Le Monde.
03/2022 : parution du roman Un pays de neige et de cendres, de Petra Rautiainen, au Seuil.

03/2022 : à l'occasion de la présidence française de l’UE, parution d'un article de Sofi Oksanen dans le recueil collectif Le Grand Tour (Grasset).
02/2022 : Lo Peolh Revengut, edicion promiera.
02/2022 : à l'occasion du Printemps des Poètes, présentation d'Espars dans l'anthologie Là où dansent les éphémères (Le Castor Astral).
11/2021 : Les sots et les sages, cycle de mélodies trilingue d'Henri-Claude Fantapié (notamment sur des textes d'Uuno Kailas), à L'Accord Parfait (Paris 18e), dans le cadre d'un concert de l'ensemble Il Passaggio.
10/2021 : reprise de Purge de Sofi Oksanen par la compagnie Le Meilleur des Mondes.
10/2021 : parution d'un poème d'Aaro Hellaakoski en exergue d'un ouvrage de Pentti Sammallahti, aux éd. Xavier Barral.
10/2021 : un épisode de la série H24 écrit par Sofi Oksanen ; diffusion sur Arte et parution en recueil collectif chez Actes Sud.
07/2021 : parution d'une anthologie de poésie komie, en collaboration avec Yves Avril, aux éd. Paradigme.

07/2021 : création d'Innocence, opéra de Kaija Saariaho sur un livret de Sofi Oksanen & Aleksi Barrière, au festival d'Aix-en-Provence ; diffusion sur Arte Concert.

05/2021 : réédition au Livre de Poche du recueil d'Ursula K. Le Guin Aux douze vents du monde, avec en exergue le poème d'AE Housman duquel il tire son titre.
04/2021 : rencontre avec Miki Liukkonen à l'initiative de l'Ambassade de Finlande à Paris.
04/2021 : représentations de Vincent River de Philip Ridley à Bertrix (Luxembourg belge). (reporté)
04/2021 : Une jupe trop courte de Sofi Oksanen @ Points Poésie.

04/2021 : Le parc à chiens de Sofi Oksanen @ Stock.

03/2021 : "La reconciliacion pantaiada", analyse de tableau @ Cultura Viva.
03/2021 : chronique hebdomadaire sur Cultures Sauvages.
01/2021 : réédition de Sœurs de cœur, de Salla Simukka, au Livre de Poche.

01/2021 : parution d'Espars, poème épique en mètre irrationnel, à Nice.

01/2021 : parution du roman O, de Miki Liukkonen, au Castor Astral.

01/2021 : parution du roman Sans toucher terre, d'Antti Rönkä, aux éd. Rivages.

12/2020 : "Jeff d'en Bellet", chronique sur Thomas Jefferson @ Cultura Viva.
11/2020 : Démocratie au temps du choléra : Herzen et Garibaldi à Nice autour de 1848, conférence-concert avec Nadia Metlov & Hélène Grabowska-Metlov à la bibliothèque Louis-Nucéra, Nice en ligne.

11/2020 : lecture de poèmes de Caj Westerberg dans le cadre de l'expo Sammallahti.
10/2020 : présentation de l'Anthologie de la poésie komie à Syktyvkar ("Journée des peuples finno-ougriens", Bibliothèque nationale de Komi).
09/2020-05/2021 : exposition de poèmes de Caj Westerberg à Nice (musée Charles Negre, expo Miniatures de Pentti Sammallahti).
08/2020 : Congressus XIII Internationalis Fenno-Ugristarum, Universität Wien. (reporté)
07/2020 : création d'Innocence, opéra de Kaija Saariaho sur un livret original de Sofi Oksanen, au festival d'Aix-en-Provence. (reporté)

08/2020 : parution d'un poème d'AE Housman dans le roman graphique L'accident de chasse (Carlson & Blair, éd. Sonatine ; prix Ouest-France-Quai des bulles 2020 ; fauve d'or au festival d'Angoulême 2021 ; grand prix des lectrices de Elle 2021).
05/2020 : collaboration à la revue Books à propos de l'actualité littéraire finlandaise.
03/2020 : 1er prix ex-æquo au concours de traduction poétique organisé par l’Inalco et l’Ambassade d’Estonie.
03/2020 : représentations de Purge, de Sofi Oksanen, à Angoulême (compagnie Le Meilleur des Mondes).

02/2020 : concerts à Neuchâtel, avec des poèmes d'AE Housman.
02/2020 : parution du roman Le papillon de nuit, de Katja Kettu, chez Actes Sud.

11/2019 : réédition de Ils ne savent pas ce qu'ils font, de Jussi Valtonen, au Livre de Poche.

11/2019 : Conférence sur les langues autochtones de l’Europe, Institut finlandais & Inalco, Paris.
10/2019 : parution de "Ni scandinaves, ni slaves : des voix originales d'Europe du Nord", préface à Ma muse n’est pas à vendre, poèmes d'Ivan Kouratov choisis et traduits par Yves Avril, éd. Paradigme.
08/2019 : présentations de Lever de rideau sur le pays komi dans le cadre du 15e Congrès des littératures finno-ougriennes, Kolozsvár, Roumanie.
05/2019 : parution d'Une soirée de toute cruauté, de Karo Hämäläinen, chez Actes Sud (coll. Actes noirs).

03/2019 : réédition en Folio du roman d'Anna Hope La salle de bal, avec des vers d'AE Housman.
03/2019 : présentations de Lever de rideau sur le pays komi à Genève.
02/2019 : réédition au Livre de Poche du roman de Kate Atkinson L'homme est un dieu en ruine, avec des vers d'AE Housman.
01/2019 : parution de Sœurs de cœur, de Salla Simukka, chez Hachette.

12/2018 : présentations de Lever de rideau sur le pays komi à Paris.
11/2018 : lecture publique de la pièce Purge de Sofi Oksanen à Cognac.
11/2018 : présentations de Lever de rideau sur le pays komi à Nice, à Moscou et en République de Komi (Syktyvkar et région de Körtkerös).
08/2018 : parution de Lever de rideau sur le pays komi, L'Harmattan & Adéfo, coll. "Bibliothèque finno-ougrienne".

05/2018 : parution d'un poème d'AE Housman en exergue du recueil d'Ursula K. Le Guin Aux douze vents du monde (Le Bélial'), qui en tire son titre.
05/2018 : réédition de Norma, de Sofi Oksanen, au Livre de Poche.

05/2018 : parution d'un article de Sofi Oksanen au Nouveau Magazine Littéraire, mai 2018.
03-04/2018 : représentations de Vincent River de Philip Ridley au Théâtre Ouvert Luxembourg.

01/2018 : Cent ans de musique et de poésie entre Nice et Finlande, concert-lecture autour d’Armas Launis et d’Uuno Kailas, Nice, bibliothèque Louis-Nucéra.

11/2017 : "L’imaginaire national finlandais à l’épreuve du centenaire - Un regard du XXIe siècle sur la poésie patriotique d’Uuno Kailas", dans le cadre du colloque Révolutions russes ; images et imaginaire en Russie et en France, Nice.
11/2017 : lecture d'extraits de la pièce Purge de Sofi Oksanen au Théâtre de l'Atalante (Paris) dans le cadre des rencontres Traduire - Transmettre.
10/2017-01/2018 : reprise des Cornes d'Alexeï Popov au Théâtre de l'Impasse (+ en tournée le 07/10 à Saint-André, le 27/10 à Falicon, les 13-14/01 à Vence).

09/2017 : réédition de Norma de Sofi Oksanen en grands caractères (éd. Voir de Près).

08/2017 : parution de l'article "Une comédie komie – Adaptations et mises en scène niçoises d'un théâtre minoritaire de Russie", dans la revue bretonne Klask, n° 11.
08/2017 : "Are Finns ashamed of their independence? - A 21st century look at Uuno Kailas’ patriotic poetry", dans le cadre du 14e Congrès des littératures finno-ougriennes, Tartu, Musée national d'Estonie.
08/2017 : "Garibaldi und Nizza – ein Epos zwischen Frankreich und Italien", dans le cadre du 4e colloque de la Garibaldi Gesellschaft, Kirchberg, Sachsen.
06/2017 : parution de vers d'AE Housman dans le roman d'Anna Hope La salle de bal (Gallimard).
06/2017 : représentations des Cornes d'Alexeï Popov à Châteauneuf-Villevieille.
04/2017 : représentations des Cornes d'Alexeï Popov (Nice, Théâtre de l'Impasse).

03/2017 : parution de Norma, de Sofi Oksanen, chez Stock.

01/2017 : parution de vers d'AE Housman dans le roman de Kate Atkinson L'homme est un dieu en ruine (JC Lattès).
01/2017 : parution de Ils ne savent pas ce qu'ils font, de Jussi Valtonen, chez Fayard.

12/2016 : "Une comédie komie – Adaptations et mises en scène niçoises d'un théâtre minoritaire de Russie", dans le cadre d'une journée d'étude à l'université Rennes 2.
08/2016 : parution du Récif, de Seita Vuorela-Parkkola, chez Actes Sud Junior.

08/2016 : expo sur le pays komi dans les livres étrangers, Bibliothèque nationale de la République de Komi, Syktyvkar.
06/2016 : réédition des Chants des forêts de Nikolai Abramov à la Bibliothèque nationale de la République de Carélie.

05/2016 : réédition du recueil Les Komis – Questions d'histoire et de culture aux Presses de l'Inalco.

01/2016 : présentation de Uuno Kailas de Heinola à Nice au Centre de Documentation Provençale (Bollène).
11/2015 : parution de Noir comme l'ébène, de Salla Simukka, chez Hachette et au Livre de Poche.

10/2015 : Uuno Kailas de Heinola à Nice – Cent ans de musique et de poésie entre Nice et Finlande, concert-lecture à Helsinki.

10/2015 : Sofi Oksanen à Nice, rencontre avec Sofi Oksanen et Miquèu de Carabatta à Helsinki autour de Quora despareissèron lu colombs.
09/2015 : première de la pièce d'Alexeï Popov Les cornes par la compagnie La Chance du Débutant (au Théâtre National Komi, Syktyvkar).
09/2015 : réédition de Baby Jane, de Sofi Oksanen, au Livre de Poche.

09-12/2015 : résidence de traduction à l'HCAS (Helsinki).
05/2015 : parution de Blanc comme la neige, de Salla Simukka, chez Hachette et au Livre de Poche.

03/2015 : parution du poème de Nina Obrezkova "Un jour tu rentreras chez toi", à Syktyvkar (brochure réunissant des traductions du même texte dans 14 langues différentes).
03/2015 : Destination Russie (Châtenay-Malabry), festival consacré à la République de Komi, à l'initiative de l'association MIR Franco-Russe.
02/2015 : présentation des Colombs à Aix-en-Provence.
01/2015 : réédition en Points Seuil du roman de Sam Millar Les chiens de Belfast, avec des vers d'AE Housman.
01/2015 : parution de l'article "La parenté finno-ougrienne dans la littérature komie : héritage commun ou influences récentes ?" dans la revue Études finno-ougriennes.
12/2014 : 1é mercat leterari de Calèna (Nice)
11/2014 : parution de Rouge comme le sang, de Salla Simukka, chez Hachette et au Livre de Poche.

09/2014-01/2015 : exposition de travaux généalogiques et historiques à Nice (musée Masséna, expo La marqueterie niçoise).
06/2014 : réédition en Point Seuil du recueil de nouvelles d'Alice Munro Trop de bonheur, avec des vers d'AE Housman.
05/2014 : parution de Baby Jane, de Sofi Oksanen, chez Stock.

04/2014 : réédition de Quand les colombes disparurent, de Sofi Oksanen, au Livre de Poche.

03/2014 : parution de La Sage-femme, de Katja Kettu, chez Actes Sud.

03/2014 : parution (en russe) d'une interview, de la nouvelle Le mur et de l'article "M.N. Lebedev et la satire politique du monde contemporain" dans la revue Арт.
02/2014 : Semaine komie à Nice.
01/2014 : parution de vers d'AE Housman dans le roman de Sam Millar Les chiens de Belfast (Seuil).
12/2013 : "Quora despareissèron lu colombs: translating a Finnish bestseller to a minority language of France" (Université de Helsinki, colloque Language revitalization in a Russian and European context: Exploring solutions for minority language maintenance).
11/2013 : présentation des Colombs en Iamal (Salekhard, 12e Congrès des littératures finno-ougriennes).
11/2013 : "Кыдзи вуджöдiсны Савинлысь гижöдъяссö" ["Traduire Savine"] (Académie des Sciences de Russie, Syktyvkar, colloque Savine).
11/2013 : "Entre Savoie et Romanov : la famille niçoise Michaud de Beauretour – Une synthèse complétée par des données inédites" (Beaulieu-sur-Mer, colloque Romanov).
06/10/2013 : présentation des Colombs au Festival du Livre de Mouans-Sartoux.
09/2013 : "The role of drama in the construction of national identities in the Ural-Volga area, through examples of Finno-Ugric interaction" (colloque "Oural-Volga", Samara).
08/2013 : présentation des Colombs à Annot.
06/2013 : parution de "La langue marie au théâtre et à l'opéra – Survol d'un genre littéraire prolifique" dans le volume collectif Les Maris – Un peuple finno-ougrien de Russie centrale.
01/06/2013 : lecture et table ronde avec Joni Pyysalo (Nuit de la Littérature, Paris).
22/05/2013 : présentation des Colombs à Contes.
05/2013 : parution de Quand les colombes disparurent, de b>Sofi Oksanen, chez Stock.

02/05/2013 : rencontres avec Sofi Oksanen au lycée Calmette, à la bibliothèque Louis Nucéra et à la librairie Jean Jaurès (Nice).
04/2013 : parution de vers d'AE Housman dans le recueil de nouvelles d'Alice Munro Trop de bonheur (L'Olivier).
04/2013 : parution de Quora despareissèron lu colombs, de Sofi Oksanen, à l'IEO.

04/2013 : réédition des Vaches de Staline, de Sofi Oksanen, au Livre de Poche.
03/2013 : première de la pièce Purge à Fontenay-sous-Bois.
03/2013 : interventions en Maths spé (Eucalyptus) et à la fac de lettres (Université de Nice).
02/2013 : parution de Sondage au pif, de Mikko Rimminen, chez Actes Sud.
12/2012 : projection d'Uzy-Bory (Les Fraises) à l'Inalco, Paris.
12/2012 : "Les trois âges du cinéma oudmourte", dans le cadre des Journées oudmourtes (quatrièmes journées finno-ougriennes de l'Adéfo)
11/2012 : colloque "Guerres et paix", Nice.
10/2012 : semaine de la langue et des lettres russes à Nice (MUSEAAV).
10/2012 : "Littérature sans frontière", île de Ré.
10/2012 : "M.N. Lebedev et la satire politique du monde contemporain" (colloque M.N. Lebedev, Körtkerös, Komi).
06/2012 : congrès international des traducteurs de littérature finlandaise à Helsinki.
05/2012 : Vincent River à Riedisheim.
04/2012 : Vincent River à Liège.
04/2012 : rencontre avec les lecteurs à Lons-le-Saunier et Arinthod (Jura).
03/2012 : lecture bilingue de poèmes komis à la Bibliothèque nationale de Komi, Syktyvkar.
03/2012 : colloque Dialectes décisifs, langues prototypiques, Sorbonne Nouvelle.
02/2012 : parution de bonus sur le site de Sofi Oksanen au Livre de Poche.
02/2012 : réédition de Purge, de Sofi Oksanen, au Livre de Poche.
2011 : parution de "Билингвизм в коми и нисартском театрах: Нёбдiнса Виттор и Франсис Гаг" dans des volumes collectifs à Syktyvkar et à Saransk.
11/2011 : lecture de poèmes de Nikolai Abramov dans le cadre des Journées fenniques (troisièmes journées finno-ougriennes de l'Adéfo).
11/2011 : parution des Chants des forêts, de Nikolai Abramov, traduits du vepse (éd. Adéfo).
10/2011 : parution de "Mises en scène d’une identité non slave de Russie : le théâtre komi dans un monde russe en mutation" // Revue russe, n° 36.
10/2011 : parution de "Les nouveaux héros nationaux dans le théâtre komi post-soviétique" // Slovo, n° 36.
09/2011 : parution des Vaches de Staline, de Sofi Oksanen, traduit du finnois (éd. Stock).
22/05/2011 : représentation de Ode à l'amour, spectacle de Vihtori Rämä et Tuukka Vasama sur des poèmes de Tuomas Timonen (en finnois avec sous-titres), au Festival "Printemps d'Europe", Lyon.
05/2011 : "Il faut partir pour Paris", de Sofi Oksanen, in Paris en Cosmopolite, Stock (hors commerce).
25/03/2011 : "La parenté finno-ougrienne dans la littérature komie : héritage commun ou influences récentes ?" (colloque Littératures finno-ougriennes : regards croisés, Institut Finlandais, Paris).
17-19/03/2011 : Salon du livre, Paris (manifestations à l'Institut suédois et à la Médiathèque de Boulogne-Billancourt).
03/2011 : parution de L'amour du lion berbère, de Daniel Katz, traduit du finnois (éd. Gaïa).
10/02/2011 : projection de Of Time and the City, de Terence Davies, au Forum des Images, Paris (sous-titré de l'anglais en collaboration avec Emmanuel Denizot).
09/02/2011 : "Observations sur le bilinguisme dans les théâtres komi et niçois – L’exemple de Ńobdinsa Vittor et Francis Gag" (Colloque de l'Université de Syktyvkar).
01/2011 : parution de "Kuratov de Serge Noskov – Écrire un opéra national au XXIe siècle" (avec Henri-Claude Fantapié) // Études finno-ougriennes, n° 42.
01/2011 : parution de Ńobdinsa Vittor et Francis Gag – Le théâtre au service de la langue (éd. Serre).
01/2011 : Purge, de Sofi Oksanen : parution du livre audio chez Audiolib, lu par Marianne Épin.
25/11/2010 : "Ilľa Vaś and Komi legends" (Colloque "В.И. Лыткин: грани наследия", Université de Syktyvkar).
11/2010 : parution de Kört Aïka et autres légendes komies, poèmes épiques traduits du komi (éd. Adéfo).
06/11/2010 : "La langue marie au théâtre et à l'opéra", à l'Institut hongrois de Paris, dans le cadre des Journées maries (deuxièmes journées finno-ougriennes de l'Adéfo).
15/10/2010 : "Mises en scène d’une identité non slave de Russie : le théâtre komi dans un monde russe en mutation" (Normale Sup Lyon).
08/2010 : parution de Purge, de Sofi Oksanen, traduit du finnois (éd. Stock). Prix du roman Fnac 2010. Prix Femina étranger 2010.

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— Charles Marius Palmero (1886-1971) : un architecte niçois —
   


  




Sur les hauteurs de Carabacel...


La Ramure (1923), villa commandée par Jeanne Harding (1862-1933), ancienne chanteuse de l'Opéra-Comique [ci-dessus dans un magazine de mode et dessinée par Toulouse-Lautrec dans les années 1890] ; et l'Hôtel du Petit Palais (1924), juste en face.


En 1928, Palmero construit sa propre maison à côté de celle de Jeanne Harding et du Petit Palais. Sa fille Maguy-Rose a 12 ans : la villa s'appellera Maguy-Rose.


En 1934, la fille aînée Marguerite épouse Marcel Pourchier, fils d’aubergistes né à Beuil, commandant de chasseurs alpins. Le couple s'installe dans la villa familiale. Résistant, le gendre sera déporté et exécuté en 1944.




En 1931, Jeanne Harding fait bâtir une nouvelle maison à côté des trois précédentes : Le Mirage (arch. Gaillard). Ce sera sa dernière résidence.

« Martin & Palmero »



En 1923-1924, à l'époque du Palais Concordia, le cabinet d'architecture Martin & Palmero apparaît dans l'annuaire, au 38 rue Pastorelli. Victor Martin, architecte, habite au 68 rue de France (Maison Castelli, au coin de la rue Saint-Philippe) ; Charles Palmero, commis, au 13 avenue Auber (Maison Dalmas, place Mozart).


Chantiers de surélévation (1925) : la Villa Starzyński sur la Prom (ajout de 3 étages) et l'Ambassador dans la rue du Congrès.

Palmero architecte

Le premier grand accomplissement de Palmero en solo est l'Hôtel Martinez, à Cannes, sur la Croisette (1927-1929).



La Florida (1933), boulevard Raimbaldi.







Le neveu Francis Palmero deviendra député-maire de Menton et président du conseil général [ci-dessus à gauche, à Saint-Roch en 1962 avec le président de la République de Haute-Volta].




Sépulture de la famille Charles Palmero au cimetière du Château.
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Publié le Lundi 22 Mai 2023, 18:42.


— De la campagne à la ville : l’urbanisation du quartier il y a 100 ans —

La campagne niçoise à l’époque sarde

  
                                                                                                                                            Carte d'état-major des années 1850.

La "Buffa" est la légère élévation entre les vallons Saint-Barthélemy (sous Berlioz/Rivoli) et Saint-Michel (sous la future avenue Jean-Médecin).

Des puits et des réservoirs permettent de vivre et d'arroser les terres. On y trouve de nombreux orangers, des vignes, quelques serres, mais surtout de simples prés et des terres inutilisées.

Le plan d’alignement sarde ne prend en compte que le sud du boulevard :


Les campagnes de la Buffa à l'époque sarde, par Paul-Émile Barberi.

Urbanisation à l’époque française

L’ouverture de la gare en 1864 déclenche l’urbanisation des campagnes environnantes.
  
Tracé de la rue Verdi et de l’avenue Auber (en vert) selon le plan d’alignement français.                                                                                                                  

Le sud de notre carrefour, côté "boulevard de la Buffa" (futur Victor-Hugo), est bâti dès la fin du XIXe siècle sur des terres de la famille Arnulf : 
  • Les Palmiers (44 Victor-Hugo), un hôtel non aligné car antérieur au tracé du boulevard.
  • 40 Victor-Hugo (1880).
  
  • La Villa De Constantin (propriété Sardou) voit le jour à cette époque mais sera démolie dès 1930 [ci-contre].
  • 3 Auber en 1882.


 
Une plaque y commémore le séjour de Joseph Kessel en 1908-1914 : né en Argentine en 1898 de parents juifs de l’Empire russe (à l’occasion d’une mutation professionnelle du père diplômé entre-temps à Montpellier), il suit ceux-ci du côté de la famille maternelle à Orenbourg en 1905-08 (le père était originaire de Lituanie) puis à Nice, à cette adresse, jusqu’à la Grande Guerre ; il étudie donc au Lycée de Nice, futur "Masséna".


  • 1882 : 35 Rossini (+ Auber et Saint-Saëns).
  • 1884 : 7-9 Verdi (angle sud-ouest du carrefour).
  • 1900 : 6-8 Auber + 5 Verdi (angle sud-est du carrefour).
  

La future place Mozart reste dégagée. Les habitants du quartier s’y réfugient lors du tremblement de terre de 1887 [photo ci-dessous]. Le Tennis Club s’y installe en 1890, puis le Grand Hôtel Continental en 1902 (à l’est de la place, 2 av. Durante). Il sera remplacé vers 1963 par les résidences Mozart et Rossini (arch. Richard Laugier et son fils Michel).

  

  
Un quartier en formation entre Gambetta et l'avenue de la Gare.

Au sud des courts de tennis, notre futur pâté de maisons commence à prendre forme : 
  • Palais Mozart en 1907, avec son clocheton d’angle caractéristique.
  • 11 Baquis en 1906 : arch. Aaron Messiah. L’avenue Baquis est le prolongement de la rue du Congrès, qui mène à la Croix de Marbre, à l’emplacement du couvent où résida le pape Paul III lors du Congrès de 1538 entre Charles V et François Ier.
  
  • Tennis Palace en 1910 (31 Rossini).
  • C’est aussi de cette époque que date le 33 Rossini, rendu célèbre par Michèle Laroque.
  
Devant le 33 Rossini, jardin aménagé par l’architecte Nicolas Anselmi à la place des courts de tennis.                                            

Entre-deux-guerres

La création du Palais Concordia en 1923 (arch. Martin & Palmero) s’inscrit dans un nouveau boom immobilier qui transforme le quartier dans les années 1920 :
  • Palais Flora en 1924 (12 Auber),
  • Palais de la Régence en 1925 (2-2b Verdi + 9 Baquis),
  • Palais Saint-Saëns en 1925 (9 Auber, entrée sur le passage),
  • ainsi que les 3-5-7 Baquis (+ portes de service 1-3 Verdi), dont l’architecte est le jeune Richard Laugier, dans un style déjà plus nettement art déco.





  












Cahier des charges et règlement de copropriété établis suivant acte reçu par Me Rochon, notaire à Nice, le 23 février 1923 :


     

Façade du Palais de la Régence sur l'avenue Baquis.

  


En 1930, la démolition de la petite maison Sardou cède la place au Colisée, art déco, "avec réfrigérateurs en cuisine et incinération des poubelles dans un four Seco", par les architectes Hovnanian & Arsenian, auteurs du Palais du Centre au 6 rue Lamartine (1927), du Palais Magenta (1929) et bientôt du Gloria Mansions. L’ensemble art déco 36-38 Victor-Hugo date de la même année (arch. Richard Laugier).

En 1932, la ville inaugure un vaste Palais des Fêtes à l’angle Hugo/Baquis. Il sera démoli à la fin des années 1950 au profit du nouveau palais des expos (1964, arch. Laugier père et fils). Au palais de la rue Baquis se substitueront deux immeubles : L’Olympe (1960, côté boulevard) et Le Parnasse (1978, côté Baquis et Rossini).

     
Le Colisée [en bas à droite sur la publicité ci-dessus], le 36-38 Victor-Hugo et le Palais des Fêtes.

Aujourd’hui

  
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Publié le Samedi 20 Mai 2023, 15:51.


— Diplomatie et occultisme sur les collines niçoises —
Maurycy Prozor est né le 28 janvier 1849 à Poporcie (Paparčiai en lituanien), dans la province de Wilno (Vilnius), au sein de l'Empire de Russie. Le village est indiqué en rouge sur la carte ci-contre, entre Kaunas en vert et Vilnius en bleu.
 
Il est le fils du comte Edward Prozor et de Maria née Zaleska, comtesse de Lubicz, tous deux issus de la noblesse polonaise de Lituanie.

Éduqué en France, en langue française, Maurice va devenir diplomate (au service de l'Empire de Russie) et écrivain.

  

En Europe

En 1881-1884, il est secrétaire d'ambassade à Stockholm (royaumes unis de Suède et Norvège). Il y assiste à une représentation de la pièce d'Ibsen Les revenants. Il y fait aussi la connaissance de la comtesse Marthe-Elsa Bonde, qu'il épouse en 1885. Marthe-Elsa est née le 22 février 1855 sous le nom de Märta Margaretha Bonde af Björnö, au château de Vibyholm, en Södermanland :

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/ad/Vibyholms_slott_1993a.jpg

Le couple aura trois enfants :
  • Greta (Marguerite) *03.01.1886 (1 rue Lincoln, Paris 8e),
  • Elsa (Élisabeth Marthe Rita Désirée) *23.05.1887 (Lisbonne)
  • et Maurice Édouard D., de santé fragile [ci-contre avec son père].
Au gré des mutations du père, ils vont passer leur enfance en France, en Suisse, à Saint-Pétersbourg et au Brésil...

En 1885-1886, Prozor est en France, où il s'efforce de faire connaître l’œuvre d'Ibsen.

     

En 1887, il est secrétaire d'ambassade à Berne et traduit Les Revenants avec l'aide de sa femme :
  • Henrik Ibsen, Les revenants & La maison de poupée, Savine, 1889.

C'est en 1890 qu'il rencontre Henrik Ibsen [ci-contre] à Munich. Sa femme et lui continuent de traduire ses pièces :
  • Henrik Ibsen, Le canard sauvage & Rosmersholm, Savine, 1891.
  • Henrik Ibsen, Hedda Gabler, Savine, 1891.

De 1892 à 1896, Prozor travaille directement auprès du ministre des Affaires étrangères, à Saint-Pétersbourg : il est chargé de missions spéciales (1892-1895) puis conseiller subalterne (1896-1897).
De 1896 à 1897, il est consul général de Russie à Vienne, Genève et Lausanne.
  • La bohème diplomatique, roman, Perrin, 1892. ("M. le comte Prozor, qui, par de consciencieuses traductions, les premières faites en notre langue, contribua fort à propager parmi nous les œuvres d'Ibsen, nous donne aujourd'hui un roman où sont dessinées de manière assez vive et assez amusante quelques silhouettes de ces importants nomades, bohèmes aristocrates, qu'on nomme diplomates, et où nous aimons à lire, attribué à l'un d'eux, un tel aveu: « Est-ce que les ambassadeurs savent seulement ce qui se négocie par-dessus leurs têtes ?... À moins qu'ils ne l'apprennent par un journal... Rouage inutile, mon bon ami, rouage inutile… »" André-Ferdinand Herold, Mercure de France)
  • Bjørnstjerne Bjørnson, Le gant, drame en 3 actes, 1892.
  • Henrik Ibsen, Solness le constructeur, Savine, 1893.
  • Henrik Ibsen, Brand, drame philosophique, Paris, 1894.
  • Herman Bang, Tine, roman, Savine, 1894.
  • Henrik Ibsen, Le petit Eyolf, Savine, 1895.
  • Henrik Ibsen, Jean-Gabriel Borkman, Perrin, 1897.
  • Gunnar Heiberg, Le balcon, trois actes, Mercure de France, 1897.
  • Henrik Ibsen, Peer Gynt, Mercure de France, 1897.
  • Bjørnstjerne Bjørnson, Paul Lange, drame en 3 actes, 1898.
  • Henrik Ibsen, Quand nous nous réveillerons d'entre les morts, Perrin, 1900.
  • Bjørnstjerne Bjørnson, Au-dessus des forces humaines, Revue Blanche, 1901.
  • Nietzsche en Russie, 1901.
  • Dmitry de Mérejkowsky, Tolstoï et Dostoïevsky, Perrin, 1903.

De novembre 1903 à juin 1904, Prozor est ministre-résident à Weimar, auprès de la princesse Pauline de Saxe-Weimar-Eisenach. Il y côtoie Elisabeth Förster-Nietzsche, qui y a installé les archives de son frère en 1896, et il s'intéresse aux rapports entre Ibsen et Nietzsche.

  • Henrik Ibsen, Un ennemi du peuple, Perrin, 1905.
  • Henrik Ibsen, La dame de la mer, Perrin, 1908.

En Amérique

Les années 1905 à 1909 voient le comte Prozor représenter l'Empire de Russie en Amérique du Sud : à Rio de Janeiro (capitale de la République du Brésil, proclamée en 1889) et à Buenos Aires (République argentine). Il se lie d'amitié avec l'écrivain et diplomate brésilien Joaquim Nabuco, et préface la version française du roman Chanaan de José Pereira da Graça Aranha (Plon, 1910).
   Par la même occasion, il établit des relations diplomatiques inédites entre la Russie et le Paraguay (Asunción) : en 1909, il présente ses lettres de créance au président Emiliano González Navero.
   De même, en janvier 1909, il établit des relations diplomatiques directes avec le Chili.

         

À Nice

Pendant ce temps, en 1907, les Prozor ont fait l'acquisition d'une villa à Nice.
   À partir de 1908, on trouve le comte diplomate et la comtesse dans l'annuaire, chemin des Pins, Maison Rose (3e canton, quartier de Cimiez).
   C'est une des petites résidences situées sur la gauche en montant, entre les avenues Neuscheller et Flora, juste au-dessus de la Villa Speranza. En effet, aujourd'hui encore, une maison rose saute aux yeux au 31, chemin des Pins. (Il s'agit sans doute d'une nouvelle parcelle cadastrale issue de la division des vignobles de Désiré Pollonais : section H II, parcelles 321-322.)

Villa Negre, Villa Speranza et Maison Rose.

Adepte de la théosophie depuis le début du siècle, la comtesse fonde à Nice une loge fortement influencée par le bouddhisme : la Loge Agnis. Drapée d'un magnifique sari, elle reçoit en la Maison Rose quelques-uns des théosophes les plus excentriques de l’époque.

L'aînée Greta devient comédienne (à Nice puis à Paris et en tournée européenne). Elle joue naturellement dans les pièces d'Ibsen traduites par son père, notamment Hedda Gabler en 1911 (mise en scène de Lugné-Poe, Théâtre de L'Œuvre). Le 10 juin 1913, à Paris 6e, elle épouse Walter Halvorsen, marchand de tableaux norvégien. Par son intermédiaire, elle rencontre Matisse, qui peint son portrait en 1916. Le couple divorce peu après.

  
Greta dans La maison de poupée (dessin de Paul-Charles Delaroche) ; portrait par Matisse.
 
Sous l'influence de sa mère, Elsa [ci-contre avec son père] fréquente d'abord les branches théosophiques de Marseille et de Nice. En 1909, elle fait la connaissance de Rudolf Steiner (1861-1925), qui l'incite à se distancier du mouvement théosophique de sa mère et à se tourner vers l'anthroposophie.
 
Entre-temps, à son retour en Europe, Maurice est encore ministre-résident à Hambourg en 1910.



Après la révolution de 1917, l'Empire de Russie n'existe plus. La terre ancestrale des Prozor (et des Lubicz) devient un nouvel état indépendant : la République de Lituanie. Le diplomate est âgé de 68 ans.


En 1919, Elsa épouse Jules-Constant Auzimour. Né en 1893 en Algérie, fils de riches colons français, il était étudiant en médecine à Oran lorsqu'il a été mobilisé en 1914 et affecté à l'hôpital militaire de Nice.

C'est sans doute la comtesse qui publie en 1921 un livre intitulé La vie et la souffrance selon la théosophie (Rhéa, Paris), sous le nom "M.-E. Prozor" (l'ouvrage est parfois attribué à son fils Maurice Édouard, mais la dédicace "à la présidente de la branche théosophique 'Agni' (de Nice)" laisse penser que c'est plutôt elle).

Dans l'Empire russe, qui était un état multinational, Prozor était de nationalité polonaise. Maintenant citoyen de la République lituanienne, il a gardé cette habitude : lors du recensement à Nice, à la question "Nationalité ?", il répond : "Polonais".

Maurice est un ami d'Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz (Oskar Władysław Miłosz, comte de Lubicz : cousin du côté de sa mère, comtesse de Lubicz). En 1922, les deux hommes et Greta visitent ensemble leur pays d'origine et s'intéressent à l'identité nationale lituanienne. Dans les années 1920, Maurice sera encore ambassadeur, cette fois pour représenter la République de Lituanie à Rome.

En 1922, Greta rencontre le peintre Augustin Currat sur le tournage du film La croix du Cervin (elle joue le rôle de Pétronilla et Augustin celui de Jean-Joseph Ginetta). Ils se marient le 15 janvier 1924 (Paris 7e).

Vers 1923, Elsa publie La contemplation créatrice (Paris, avec préface d’Édouard Schuré). Elle traduira de l'allemand deux ouvrages de Rudolf Steiner : Théosophie, étude sur la connaissance suprasensible et la destinée humaine (1923) et Un chemin vers la connaissance de soi (1925).

Au cours des années 1920, avec le voyage (initiatique ?) en Lituanie et la création des institutions de la jeune république, Prozor est amené à se redéfinir. À Nice, lors du recensement de 1926, il se déclare maintenant "Lituanien". Comme son cousin Milosz, il s'approprie peu à peu une identité nationale qui lui avait toujours été étrangère : celle de ce qui avait été jusque-là la "majorité silencieuse" de son pays, dont il découvre alors le riche patrimoine culturel et dont il accompagne l'essor au sein de la communauté internationale.

Le petit dernier, Maurice Édouard, meurt dès le 20 juin 1926 à Genève. Il est enterré à Hauteville-Lompnes (Ain). La famille et la presse le présentent comme "un écrivain d'un talent très personnel", mais on ne connaît aujourd'hui aucune publication de ce mystérieux écrivain (l'a-t-on confondu avec sa mère "M. E. Prozor" ?).

Maurice meurt en sa Maison Rose le 10 mai 1928 (funérailles le 12 en l'église Notre-Dame de l'Assomption de Cimiez, en grande pompe, en présence des filles et de leurs maris, et inhumation au cimetière municipal de Caucade, dans une concession d'une durée de 15 ans).

En 1929, parution posthume d'un article de Prozor intitulé "Dmitry Mérejkovsky et l'intelligentsia russe au déclin de l'empire" (revue Mercure de France).
Enfin, en 1930, parution posthume de ses poèmes Paroles sans romances (éd. Sagesse, Paris), préfacés par le cousin O. V. de L. Milosz.

En 1931, la veuve occupe la Maison Rose avec deux domestiques et une cuisinière. Elle y meurt le 13 mars. Ses obsèques sont célébrées en l'église luthérienne, en présence des deux filles et de leurs maris, en toute simplicité. Elle est inhumée avec son mari à Caucade. La concession sera reprise dans les années 1950.

Elsa meurt dès le 18 juillet 1935. Remarié, son veuf mourra pendant la guerre, en mars 1941 (Paris 16e).

Greta est alors la seule survivante de la famille Prozor. Établie à Genève, elle met en scène La ligne brisée du poète Ami Chantre (Théâtre de la Comédie, Genève, 1933) et Le sein de la famille de Félix Vallotton (Les Tréteaux d’Arlequin, La Chaux-de-Fonds, 1944), et enseigne l'art dramatique au Conservatoire de 1939 à 1965. On lui doit également la traduction du roman norvégien Le Salut du Gaard de Trygve Gulbranssen en 1952. Elle meurt à Genève le 14 février 1978.

  
Greta dans les années 1930, et avec Nora Sylvère dans La Terre est ronde en 1943.



Sources :
Archives départementales des Alpes-Maritimes
Bibliothèque nationale de France
Wikipedia
Irene Diet, Jules et Alice Sauerwein et l’anthroposophie en France, traduit de l'allemand par Pierre Diet, Steen, 1999.


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Publié le Dimanche 14 Mai 2023, 12:33.


— Prix Méditerranée poésie 2023 —
Le Centre Méditerranéen de Littérature a décerné le Prix Méditerranée poésie 2023 à Espars, paru fin mars aux éditions du Ver à Soie avec des illustrations originales d'Elza Lacotte.


Bon voyage !


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Publié le Lundi 24 Avril 2023, 22:04.


— poèmes en mètre irrationnel —
Suite au manifeste partagé en novembre dernier sur ce site, l'ouvrage Racines vient de paraître à Nice.

Contrairement à Espars, qui était un vaste poème épique, Racines est un bref recueil de poèmes qui observent des règles métriques similaires mais peuvent se lire indépendamment les uns des autres.

"Au creux des mangroves
la saumure amusée des aimants
s’entortille."


164 p. ill. coul., 15 × 21 cm, reliure cartonnée, mars 2023.
20 € (+ 20 exemplaires numérotés et signés au prix de 40 €). 
Pour toute commande : http://ratatoulha.chez-alice.fr/textes/images/email.png
Règlement par virement bancaire ou PayPal.

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Publié le Jeudi 23 Mars 2023, 14:09.


— aux éditions du Ver à Soie —
Ce printemps, Espars paraît aux éditions du Ver à Soie avec des illustrations originales d'Elza Lacotte. L'ouvrage sera présenté en avant-première à Paris le samedi 25 mars 2023 à l'occasion du 10e anniversaire de la maison d'édition.
Un poème oulipo-épique – mais peut-être est-ce une épopée de caps et d’épées ? - évoquant une traversée de Villefranche à Cagliari sous Victor-Amédée III, âge d’or de la marine de Savoie dans le comté de Nice. Fluctuant et imprévisible, mais sans rien d’aléatoire, son «mètre irrationnel» obéit à des lois mathématiques issues de la nature, tel le rythme des vagues. La réalisation de ce projet d’écriture très musical n’aurait pas été possible avant les performances atteintes par les ordinateurs depuis les années 1960.
L'ouvrage est sélectionné par le CML pour le prix Méditerranée poésie 2023.

Collection : Voyages graphiques
Format : 180 x 300 mm, 280 pages
ISBN : 979-10-92364-61-3



Pour l'anniversaire de ses dix ans, Le Ver à Soie vous invite à venir découvrir pendant trois jours la boutique éphémère organisée pour l'occasion au 19 rue de la Mare, 75020 Paris (métro Couronnes).

      Horaires d'ouverture :

      - Vendredi 24 mars de 18 h à 22 h
      - Samedi 25 mars de 10 h à 22 h
      - Dimanche 26 mars de 11 h à 19 h

Au programme des festivités pendant ces trois jours, des rencontres autour des livres et des grands thèmes du catalogue ainsi que du travail d'amis qui ont accompagné la fondation et le développement de la maison au cours de ces dix dernières années :

> Vendredi de 18 h à 22 h, inauguration et autres surprises : où entourés des livres du Ver à soie et d'autres objets de papier qu'on y fabrique, d'une exposition de couvertures de livres au catalogue, d'illustrations d'Elza Lacotte et de Rita Renoir ainsi que du travail graphique d'Olivia Grenez, on reviendra sur les grands moments de l'histoire de la maison. Et il s'en est passé des choses en dix ans !
     À l'honneur de cette soirée, le best-seller Marche ou rêve de Luc Fivet (en présence de Luc Fivet) et le non-moins best-seller Barnum de Virginie Symaniec publié par les éditions Signes et Balises (en présence d'Anne-Laure Brisac, de Gilles Cheval des éditions Mazette et du guitariste Stéphan Chraïbi pour parler un peu en musique d'édition indépendante).

> Samedi de 11 h à 14 h 30, traductions croisées :
- De 11 h à 12 h 30, Traduire l'espace littéraire slovaque : autour des lauréates des prix de littérature de l'Union européenne Jana Beňová et Svetlana Svetlana Žuchová, et du Guérisseur de Marek Vadas, en présence de Diana Jamborova Lemay.
- De 13 h à 14 h 30, Entre russe, ukrainien, biélorussien et yiddish. Traduire les littératures d'Ukraine et de Biélorussie (en présence de Boris Czerny, traducteur de La Foire de Boris Iampolski et de Virginie Symaniec, fondatrice du Ver à soie).

> Samedi de 15 h à 16 h 30, comprendre la sérigraphie : où les petits et les grands pourront retrouver Blandine Imberty de l'Atelier parisien Carnet chouette pour un atelier autour de la technique du pochoir et de l'amour des couleurs qui fondent sa pratique de la sérigraphie - occasion également d'annoncer la mise en oeuvre d'un très beau nouveau projet jeunesse à paraître en 2024 au Ver à soie.

> Samedi de 17 h à 19 h, Le rêve européen à l'épreuve de l'écriture du réel : où on présentera en avant-première L'Homme qui flotte dans ma tête de Veronika Boutinova qui nous donne à entendre les voix de migrateurs dans les eaux profondes et glacées de la Manche (en présence de Veronika Boutinova) et Terre Ciel Enfer de Laurent Maindon, premier volume de la saga La Famille Müller qui débute à Berlin dans la nuit du 12 au 13 août 1961 où fut posée la première brique du Mur (en présence de Laurent Maindon).

> Samedi de 20 h à 22 h, De Mamou d'Angi Máté à Espars de Sébastien Cagnoli : où une lecture musicale d'extraits de Mamou d'Angi Máté - premier livre publié au Ver à soie le 25 mars 2013 sur une traduction du hongrois de Zsuzsa Kosza -, par la comédienne Isabelle Loisy, accompagnée à la contrebasse par Rémy Auclair, croisera une projection sur le travail musical qui accompagne le poème épique Espars de Sébastien Cagnoli, dernier livre publié au Ver à soie et à paraître en avant-première le 25 mars 2023 accompagné par les splendides illustrations d'Elza Lacotte.

> Dimanche à partir de 11 h,  un atelier poésie animé par Clara Delange rythmera la journée : il sera entrecoupé de lectures de poèmes qui pourront aussi avoir été écrits et fabriqués sur papiers ensemencés tout au long de la journée.

> Dimanche à 16 h, Goûter avec Les EnLivrantes : où on mangera de la tarte aux pommes maison autour de L'Ami d'enfance de Julien Dieudonné (en présence de Julien Dieudonné, Signes et Balises), de La Célébration du lézard de Quentin Margne (en présence de Quentin Margne, Le Soupirail) et d'Une Île en hiver de Sonia Ristic (en présence de Sonia Ristic, Le Ver à soie). Où on en profitera aussi pour visionner des extraits du pré-montage du film Les EnLivrantes, dont les prises de vue ont été réalisées avec la complicité d'Eric Dussert et de Bertrand Saunier en avril 2021.

> Dimanche à partir de 18 h : clôture de ces journées d'anniversaire en poésie avec Clara Delange.

https://www.leverasoie.com/
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Publié le Mercredi 15 Mars 2023, 11:24.


— lecture concertante —
La lecture concertante d'Espars prend forme...

Alors précisons tout de suite qu'il ne s'agira pas d'une lecture intégrale (parce que celle-ci durerait 3 h 40, cf. le très confidentiel audio book "read by the author"), mais d'extraits plus ou moins représentatifs agencés pour former un spectacle d'une heure environ. Pour le texte intégral, on se tournera vers l'édition illustrée à paraître prochainement au Ver à Soie.

Le texte était conçu sans aucune musique derrière la tête (le mètre irrationnel était déjà un rythme bien assez contraignant !), mais je ne passe jamais longtemps sans avoir des musiques dans, devant ou de tous les côtés de la tête : j'ai tout de suite pensé à Stockhausen, Sisask, Scelsi, Chostakovitch (Shostakovich ?)... Et là je me suis dit : tiens, tous des noms en S !

Du coup, j'en ai cherché d'autres : Szymanowski ? Schnittke ? Sallinen ? Stravinski ?! Non, vous avez failli y avoir droit aussi, mais ça n'a pas fonctionné avec le texte.

Amédée Briggen s'est alors empressée de dénicher des pièces de John Cage (que le récitant Michel Pallanca connaît bien pour avoir souvent interprété 4'33 avec ses élèves, et plus d'une fois à Villefranche, point de départ du récit)... et surtout de György Kurtág, dont elle tire une diversité dramatique inédite et un humour inouï !

Nous sommes vite tombés d'accord sur Philip Glass et Morton Feldman, indispensables camarades de voyage pour notre traversée sur le fameux rythme des vagues, à la fois répétitif et imprévisible, tantôt dramatique, tantôt contemplatif...

Enfin, la pianiste a complété cette invraisemblable bande-son avec des pièces de Henry Cowell (le vieillard de l'équipe, né au XIXe siècle ! mais aussi peut-être le plus follement expérimental) et de Pierre Boulez, dont le sérialisme de jeunesse pourrait presque être qualifié d'oulipien...


Le petit jeune de la bande, c'est Urmas Sisask, né en 1960, et il va bien nous manquer, car nous avons eu le choc d'apprendre son décès en décembre dernier...

En tout cas, les poètes et les matheux du pupitre se sont donné rendez-vous... aux pianos, dans les pianos et autour des pianos... contre vents et marées...

  

Si
vous
avez pu
connaître quelques accès
de mal de mer sachez que l’on
commence ici à prendre
l’habitude.


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Publié le Mercredi 15 Février 2023, 20:53.


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Publié le Dimanche 8 Janvier 2023, 12:23.


La poésie classique repose en général sur un mètre régulier. Les contraintes formelles sont fortes, et il en résulte un certain confort pour l’auditeur ou le lecteur, qui peut deviner le rythme – voire la rime – du vers suivant. La contrainte oblige aussi l’auteur à faire preuve de créativité dans l’usage de la syntaxe et du vocabulaire.

Par réaction à cette tradition, le modernisme a tracé une nouvelle voie à partir du xixe siècle, et surtout au xxe : celle du vers libre. Le vers libre s’affranchit de toute règle et offre un mètre imprévisible. Le poète explore alors de nouvelles formes et doit faire preuve d’une créativité différente, pour le meilleur ou pour le pire.

Avec le mètre irrationnel, je propose d’explorer une voie intermédiaire. Il s’agit de renoncer à la régularité du vers traditionnel et d’adopter un mètre imprévisible… mais entièrement prédéterminé. Par conséquent, on va réintroduire de sévères contraintes formelles dans le processus de composition – ce qui me semble d’ailleurs être le propre de l’expression poétique, dans toutes les civilisations.

Nombres irrationnels

Une séquence de chiffres entièrement prédéterminée mais imprévisible à vue d’œil, c’est ce qui caractérise les nombres irrationnels. Par définition, on qualifie d’irrationnel un nombre réel qui ne peut pas être exprimé sous la forme d’un ratio, d’un quotient d’entiers. Ces nombres présentent la propriété d’avoir un développement décimal dépourvu de toute périodicité. Autrement dit, aucun motif récurrent n’apparaît dans la succession des décimales.

Les plus connus sont les racines carrées telles que √2 (longueur de la diagonale du carré par rapport au côté), π (longueur du cercle par rapport au diamètre), ou encore e, le nombre d’Euler (base des logarithmes naturels, c’est-à-dire le nombre réel dont le logarithme est égal à 1).

  

À titre anecdotique – et poétique –, on appelle transcendants les nombres qui ne se laissent pas exprimer à l’aide de racines et ne peuvent donc être représentés que par un symbole propre (ou par une combinaison de tels symboles), comme π et e. Cette définition n’est pas d’une grande utilité mais le terme est joli.

Avant l’ère des ordinateurs, la meilleure précision de π était de 527 décimales, vers 1873, grâce au mathématicien britannique William Shanks. Pour e, J. Marcus Boorman calculait 346 chiffres après la virgule en 1884, après quoi il a fallu attendre 1949 pour qu’un premier calcul par ordinateur atteigne la 2 010e décimale. C’est seulement depuis 1962 et l’IBM 7090 qu’on peut aller au-delà – et jusqu’à plus de 100 000 décimales. Par conséquent, l’idée d’une « poésie en mètre irrationnel » n’aurait pas pu voir le jour avant la fin du xxe siècle.

Espars – un poème épique sous contrainte

Le retour de la contrainte dans la littérature postmoderne, c’est l’Oulipo dans les années 1960 : dans un monde littéraire où la liberté ne connaît plus de limites, le recours à des contraintes arbitraires (et ludiques) ouvre la voie à de nouvelles explorations du langage et de la pensée.

Dans un premier temps, j’ai composé le poème épique Espars comme un jeu de nature oulipienne, obéissant à des règles prédéfinies, notamment mon « mètre irrationnel ». Le choix du nombre e était également un clin d’œil à la lettre e, en hommage à Perec (et plusieurs lipogrammes parcourent d’ailleurs le texte). Le poème prend fin lorsque, pour la première fois de la séquence, quatre zéros se suivent. En incluant ces quatre zéros, j’aurai exploité 7 691 décimales (donc 7 692 chiffres).

Logarithmes et ondulations

Par définition, le logarithme naturel est la primitive de la fonction inverse qui s’annule pour la valeur 1. Autrement dit, c’est aussi la solution de la quadrature de l’hyperbole.

Une fonction logarithme permet de transformer des produits en sommes, ce qui a longtemps facilité les calculs manuels (la fonction exponentielle étant la réciproque).

Au xviiie siècle, l’application du calcul logarithmique aux nombres imaginaires a mis en évidence leur relation avec les fonctions trigonométriques – autrement dit, pour simplifier, entre les nombres e, i et π (ce qu’illustre la fameuse identité d’Euler : ). Depuis, les applications pratiques de ces théories mathématiques semblent inépuisables. Tous les phénomènes ondulatoires, donc à peu près toutes les branches de la physique (mécanique, électronique, optique, atomique, quantique, etc.), sont aujourd’hui indissociables de ces méthodes de calcul.

Qui dit ondulatoire dit vagues d’amplitude et de longueur variable, ce qui rejoint la thématique fondamentale d’Espars, celle de la mer (plus précisément la Méditerranée, à l’âge d’or de la marine de Savoie dans le comté de Nice, aux xviiie et xixe siècles), d’où le nombre d’Euler utilisé comme fil conducteur.

Le mathématicien François Daviet de Foncenex (1734-1798) – qui sert de modèle au personnage du capitaine – fait partie des quelques savants européens qui ont travaillé sur ces questions à une époque où la théorie des nombres imaginaires et l’abondance de ses applications pratiques étaient à peine en train de germer. Affilié à l’Académie des Sciences de Turin (puisque originaire de Savoie), donc collègue de Lagrange, il a eu des échanges particulièrement fructueux avec Euler (alors à la cour de Russie, à Saint-Pétersbourg) et d’Alembert (en France).

Notes de fond (pélagiques) sur Espars

Turin était la capitale des États de Savoie depuis le xvie siècle, donc du Royaume de Sardaigne à partir de 1720 (puis d’Italie en 1861). Daviet de Foncenex fut nommé gouverneur de la place de Villefranche, principal port continental du royaume, à l’époque où le roi Charles-Emmanuel III [à droite : statue à Carloforte] développait la marine et fondait une école navale. En tant que capitaine, Daviet de Foncenex commanda entre autres la frégate San Vittorio (construite à Villefranche dans les années 1770), qui sert de modèle au navire évoqué dans Espars. [À gauche : en rose, l’île de Sardaigne et les États-Sardes continentaux à l’époque.]

Quant au mousse et à son père, leur histoire personnelle est librement inspirée de celle de mes ancêtres qui, pendant trois générations, travaillèrent à Villefranche et à Nice dans la marine, notamment Giovanni Battista, arrivé dans les années 1730 avec son père depuis une autre région du royaume (le Montferrat, une conquête récente des rois de Sardaigne), mort en 1788 (son invalidité est authentique, encore qu’on n’en connaisse pas la nature exacte), et Andrea (1764-1839), marin puis garde sanitaire sous le règne de Charles-Félix.

Enfin, de manière joyeusement anachronique, je me réfère à des savants et écrivains des États-Sardes au xixe siècle (Verany et Risso, Xavier de Maistre, Agathe-Sophie Sassernò, Joseph Dabray…), que je paraphrase comme il se doit.

Voilà pour les personnages historiques. En ce qui concerne la langue, il faut rappeler que le pays niçois, de par son histoire et sa situation géographique, était alors au carrefour de nombreux idiomes et cultures : administration en italien ; population de langue occitane ; échanges quotidiens avec les voisins piémontais, génois et provençaux (donc déjà aussi en français) ; présence des premiers « touristes » anglais et russes ; commerce avec l’Afrique du Nord, la Méditerranée orientale et la mer Noire…

Enfin, le récit fait souvent allusion à l’environnement naturel et à sa faune. En effet, avec des profondeurs entre 2 000 et 3 000 mètres au large de Nice, le golfe de Gênes constitue aujourd’hui un périmètre international protégé où la présence de nombreux mammifères pélagiques est toujours attestée, voire en augmentation.


Contraintes secondaires

Pour en revenir à la forme, la contrainte majeure est celle qui détermine la longueur des vers. Les lipogrammes, acrostiches et autres fantaisies formelles qui agrémentent les chapitres n’ont rien d’innovant ; ces règles-là se veulent essentiellement anecdotiques et ludiques, sources d’inspiration et d’exploration.

Par ailleurs, une des contraintes les plus sévères, à mon sens, aura été celle qui doit permettre au lecteur de toujours saisir avec précision ce mètre fluctuant, sans hésitation, en dépit de son imprévisibilité (du mètre, pas nécessairement du lecteur). C’est pourquoi le mot officier ne figure pas une seule fois dans le texte, par exemple. Car comment les différents lecteurs prendraient-il l’initiative de le scander ? En trois ou quatre syllabes ? (La métrique classique a ses règles à cet égard, certes, sur des critères étymologiques, mais elles sont bien trop complexes, voire arbitraires, et méconnues aujourd’hui.) Un tel doute n’est pas permis. Les i, u, ou qui soulèvent de telles hésitations diérétiques sont donc exclus, ce qui réduit drastiquement mon pauvre vocabulaire.

Corollaires rythmiques

Revenons à la mise en œuvre du mètre irrationnel. À chaque décimale, j’associe un vers de longueur correspondante : entre zéro et neuf syllabes. C’est une contrainte supplémentaire, car cela donne des vers très courts (on pourrait imaginer aussi un principe de correspondance qui associerait chacun des dix chiffres possibles à une longueur de vers différente, plus longue).

On a vu que la séquence de ces décimales est reproductible mais imprévisible (à moins de procéder à des calculs savants). Après un vers de six syllabes, on peut voir survenir un vers de six syllabes, ou de sept ou de huit. On peut avoir trois vers de six syllabes consécutifs, etc. La probabilité est toujours la même, 1/10, entre le vers blanc (un silence) et le vers de neuf syllabes. On n’a donc aucun moyen de savoir ce qui va suivre.

Signalons une curiosité au passage. On a vu qu’un nombre irrationnel est constitué d’une série de chiffres infinie dénuée de motifs récurrents. Or, pour construire un poème en mètre irrationnel, on extrait évidemment de cette série une séquence finie. Et tôt ou tard, cette séquence figure nécessairement quelque part dans les décimales de π ou de n’importe quel autre nombre irrationnel, y compris celui qui détermine la structure du texte.

On obtiendrait – bien plus facilement – un résultat similaire avec une séquence aléatoire (par exemple avec un dé à dix faces, ou en lançant deux dés à six faces pour déterminer une séquence de mètres entre deux et douze syllabes)… à ceci près qu’elle ne serait pas reproductible. On pourrait qualifier cela de mètre aléatoire, et je serais surpris que cela n’ait pas déjà été expérimenté dans le cadre des recherches sur le hasard en poésie.

   

Le mètre irrationnel est donc fluctuant et imprévisible (plus encore qu’en vers libres), mais sans rien d’aléatoire, puisqu’il est entièrement déterminé par des lois mathématiques issues de la nature (la définition de e reposant sur l’aire délimitée par une hyperbole et son asymptote, donc sur des figures coniques observées dans la nature). Ces lois ne sont pas sans rappeler un autre phénomène ondulatoire bien connu dans la nature : celui des vagues. Et la comparaison entre le mètre irrationnel et le rythme des vagues est particulièrement perceptible sur la durée, par exemple avec une forme épique – et maritime – comme dans le cas d’Espars.

On peut d’ailleurs qualifier les lois mathématiques de « hasard » ou de « volonté divine ». De mon point de vue, cela revient à peu près au même. Le principe du mètre irrationnel veut justement soulever, par le biais de la poésie, cette question du rapport entre hasard et déterminisme.

Considérations neurologiques

On a vu que le mètre irrationnel s’oppose à la fois à la régularité du mètre classique et à l’irrégularité du vers libre. La probabilité qu’un vers ait une longueur donnée étant toujours la même (1/10), une certaine harmonie statistique se met en place au fil des pages. Quand on aura parcouru cent vers (j’inclus ici les vers muets – les silences – comme des vers à part entière), on aura rencontré environ dix ennéasyllabes, dix octosyllabes, etc., et dix silences.

Quelles sont les implications neurologiques d’un tel parti pris ? Que se passe-t-il lors de la perception d’un poème en vers irrationnels, visuellement ou auditivement ?

Transmission visuelle et auditive

Le lecteur qui lit le texte imprimé en a une perception visuelle : par les yeux, par les muscles oculaires, par les nerfs optiques, en coordination avec le cerveau, qui reçoit les données et les analyse pour interpréter le contenu du poème.

Mais la poésie, c’est avant tout du chant : lorsque le texte est déclamé, l’auditeur va recevoir par ses oreilles un signal acoustique, transmis au cerveau par les nerfs auditifs.

Donc le signal n’a pas du tout la même nature selon qu’on a le texte imprimé devant soi ou qu’on est assis face à un récitant. Le récitant se trouve dans une position charnière : il incarne et articule tout le processus de transmission, entre 1) le texte sur papier, parcouru par ses yeux qui effectuent de nombreuses saccades et fixations, et traité par son cerveau qui analyse la multitude de petites images disparates qui en résultent et, tenant compte de tous ces paramètres, compose une interprétation cohérente du poème puis active les cordes vocales et autres muscles pour produire un signal acoustique ; et 2) l’auditeur, qui devra retrouver dans ce signal acoustique tout le contenu du poème.

Saccades oculaires

Le texte imprimé est présenté en vers : les passages à la ligne constituent un signal visuel fourni au lecteur par la typographie. Chez le lecteur, chaque retour à la ligne fait l’objet d’une saccade oculaire beaucoup plus grande que les autres et effectuée de droite à gauche. Ces grandes saccades se succèdent à des intervalles qui correspondent à la longueur des vers, donc au développement décimal d’un nombre irrationnel.

Par conséquent, le lecteur peut très bien suivre mentalement un rythme syntaxique qui ne respecte pas toujours le mètre, puisque le découpage en vers est automatiquement transmis à son cerveau par les mouvements de ses yeux.

Et puisque l’œil qui perçoit le texte imprimé effectue nécessairement d’amples saccades de droite à gauche au gré de la séquence, le cerveau du lecteur s’accoutume au rythme irrationnel – une fois qu’on est entré dans l’harmonie statistique mentionnée précédemment. (C’est un constat qui ressort empiriquement des retours de lecteurs.) Il est intéressant de remarquer que cette accoutumance est un phénomène comparable à celui du marin qui prend l’habitude du tangage et du roulis, ondulations mécaniques dont il reçoit les signaux imprévisibles par les nerfs vestibulaires.

Le défi du récitant

L’auditeur n’a absolument pas accès aux signaux visuels de la typographie. Le développement décimal du nombre irrationnel lui est donc a priori hors de portée : n’ayant pas le texte sous les yeux, il ne va pas effectuer les fameuses saccades (il en fera d’autres, mais librement, dans l’espace).

Le récitant, dans son élocution, devra donc trouver un moyen de restituer cette information. À chaque fin de vers, il faut adresser un signal à l’auditeur. Je suggère un peu arbitrairement un silence équivalent à deux syllabes lors de chaque retour à la ligne, un silence marqué qui est très important pour rendre audibles les saccades oculaires inconscientes du lecteur.

Parallèlement, il y a la deuxième contrainte, évoquée ci-dessus : transmettre une syntaxe qui ne coïncide pas toujours avec les retours à la ligne. Il faut que le récitant arrive également à transmettre cette information syntaxique aux auditeurs, par son intonation, sans pour autant altérer les rapports de longueur dictés par le mètre. Au demeurant, l’auditeur étant aussi spectateur, le récitant a également recours à l’expression corporelle pour compléter le message.

Perspectives

Avec le projet suivant, j’expérimente un autre format. Il s’agit d’appliquer le principe du mètre irrationnel à un ouvrage beaucoup plus modeste : un recueil de poèmes relativement courts et indépendants.

Cette fois, la séquence choisie est celle des décimales de √7. Je m’arrête bien plus tôt que dans Espars, dès la deuxième occurrence de trois zéros consécutifs, soit après 996 décimales. Les autres zéros, doubles zéros et triple zéro séparent les poèmes élémentaires et définissent l’organisation globale du recueil (deux parties et onze sous-parties).

Sur le fond, les nombreux petits poèmes sont très libres. Ils puisent notamment dans la notion de racine et dans la symbolique du chiffre 7.

L’objectif de cette initiative est d’évaluer la pertinence du mètre irrationnel appliqué à des formes diverses. En l’occurrence, après le poème-fleuve (ou poème-mer ?), je m’essaye à la forme courte. L’avenir dira si c’est intéressant ou non, et si le mètre irrationnel offre des perspectives ou n’est qu’un verbiage futile. En tout cas, je m’amuse ; apparemment, une partie des lecteurs aussi. Ce n’est donc pas du temps perdu !

*

Sébastien Cagnoli,
novembre 2022
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Publié le Dimanche 27 Novembre 2022, 15:46.


— Back from Vashon Island —
Je retraçais récemment le parcours de W.B. Trites, cet auteur américain qui connut un succès aussi grand que bref dans les années 1910-1920 puis mourut dans l'oubli le plus total, au point que personne ne sait quand.

Il avait attiré mon attention pour avoir publié un roman à Nice en 1926, aux éditions "The Green Lane Press", en fait à son domicile : 3, quai Rauba Capèu.

Il s'agissait d'un petit tirage de démonstration, qui lui a permis de décrocher ensuite des contrats d'édition plus professionnels à Londres et à New York. Il paraît que les éditeurs l'ont alors obligé à édulcorer certains passages un peu trop licencieux pour la censure de l'époque.

Bref, il fallait absolument que je me procurasse un exemplaire de ce premier tirage, non censuré et édité à Rauba Capèu.

Je cherche un peu, je pose les yeux sur le premier venu... Et où est-il ? À Nice, Londres, New York ? En Pennsylvanie, patrie de l'auteur et de son épouse ? Que nenni. Il est ici :


Vashon Island est une île de 96 km2 dans le fjord de Puget, en face de Seattle, Washington. Sans aucune liaison routière avec le continent, elle n'est accessible que par bateau.


C'est donc là que m'attend ce livre bientôt centenaire, dans une librairie cachée au fond d'une forêt de conifères du Pacifique :




Aussitôt, le voici parti (en bateau, donc), pour Seattle, où il arrive le lundi soir.

Apparemment le mardi est férié, pour l'une des raisons suivantes : Frankenstein Day, International Cabernet Sauvignon Day, International Day of the Victims of Enforced Disappearances, International Whale Shark Day, Muharram (Islamic New Year), National Beach Day, National Grief Awareness Day, National Holistic Pet Day, National Toasted Marshmallow Day, Slinky Day, Touch a Heart Tuesday, Willing to Lend a Hand Tuesday. Je soupçonne très fort le chamallow grillé et/ou le cabernet.

Le mercredi, le livre s'envole pour New York, ou plus précisément pour le New Jersey : il atterrit à Teterboro, va faire un brin de tourisme à Long Island, puis redécolle de Newark. Au lieu de se glisser discrètement dans la soute du 767 direct qui me fait sursauter tous les matins, il a l'idée saugrenue d'aller se perdre à Roissy, sans doute pour voir la tour Eiffel en passant. Dommage, c'est samedi, il se retrouve en détention provisoire jusqu'à lundi.


Je passe sur la folle journée de lundi dans les locaux de la douane et sur la traversée de la France...

En tout cas, après un périple de 21 000 km aller-retour... le voici revenu à Rauba Capèu !

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Publié le Mercredi 7 Septembre 2022, 18:17.


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